UUne mutation variable selon le système HLA

Le VIH s’adapte au système immunitaire

Publié le 25/02/2009
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LE VIH MUTE BEAUCOUP et notamment en suivant une co-évolution hôte-pathogène. L’un des nœuds de cette évolution est constitué par des interactions entre les gènes du système HLA et ceux des protéines du VIH. Les molécules du système HLA présentent des fragments des protéines du VIH (des épitopes) à la surface des cellules infectées, ce qui permet une reconnaissance immunitaire et une action lytique des CD8. Il a été montré que des molécules particulières HLA, telles que HLA-B*57, HLA-B*27 et HLA-B*51, effectuent une médiation particulièrement efficace pour contenir l’infection à VIH.

Un consortium de chercheurs montre que la fréquence des mutations du VIH dans une population est corrélée à la prévalence des allèles HLA dans cette population.

Neuf cohortes distinctes totalisant plus de 2 800 sujets ont été étudiées en Amérique du Nord, aux Caraïbes, en Europe, en Afrique sub-Saharienne, en Australie et au Japon. Dans chaque population, on a réalisé un typage des allèles HLA et on a défini les mutations qui surviennent en relation avec les épitopes présentés par les CD8 les plus fréquents.

Une mutation particulière.

Cela confirme que HLA-B*51 est l’un des gènes les plus efficaces pour le contrôle du VIH. Là où ce gène est fréquent, le VIH tend à développer une mutation particulière (I135X), très précocement au cours de l’infection, qui lui permet de s’échapper de la réponse immunitaire codée par ce gène. Et cette mutation se transmet entre les individus.

Ainsi, 96 % des personnes séropositives ayant le gène HLA-B*51 ont aussi la mutation I135X. Au Japon, où le gène HLA-B*51 est relativement courant dans la population, la mutation I135X du VIH est présente chez 66 % des personnes séropositives n’ayant pas cet allèle. Au Royaume-Uni ou en Afrique, où HLA-B*51 est beaucoup moins fréquent, la mutation I135X n’est présente que chez 15 à 20 % des personnes.

Nous avons constaté des effets similaires pour les autres allèles que nous avons étudiés (comme HLA-B*57 et HLA-B*27), a souligné Philip Groulder (Oxford) le principal investigateur.

L’implication de ces notions est que lorsqu’un vaccin efficace sera trouvé, il faudra peut-être le faire évoluer en suivant le processus d’adaptation virale dans la population. Tel le vaccin de la grippe.

Yuka Kawashima, Philip Goulder et coll. Nature, édition avancée en ligne.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr