Liberté syndicale entravée ? La plainte du ministère contre le syndicat des médecins intérimaires fait des vagues

Par
Publié le 14/11/2018
snmrh

snmrh
Crédit photo : PHANIE

L'affaire prend de l'ampleur dans la profession. Révélée par « Le Quotidien », la plainte ordinale du ministère de la Santé contre la présidente (et deux autres cadres) du Syndicat national des médecins remplaçants des hôpitaux (SNMRH) soulève plusieurs critiques de syndicats médicaux « solidaires », qui dénoncent aujourd'hui une atteinte directe à la liberté syndicale.

Le SNMRH est accusé par le ministère d'avoir porté atteinte à la continuité des soins après avoir publié, en mars dernier, une « liste noire » des hôpitaux qui plafonnent la rémunération des médecins intérimaires. Sa présidente Lynda Darasse a ainsi reçu fin octobre une plainte émanant du ministère, demandant à son encontre une suspension temporaire d'exercice de 3 mois.

L'UFML-Syndicat a réagi dès ce mercredi matin. Et de façon peu banale ! En « solidarité » avec le SNMRH et ses cadres poursuivis, l'organisation du Dr Jérôme Marty demande à être elle aussi attaquée pour avoir publié en juillet… une carte des lieux « où il ne faut pas s'installer », recensant les communes où les maires prônent par exemple la coercition ou veulent inclure les médecins dans les réseaux de soins. 

L'UFML-Syndicat dénonce ouvertement une « atteinte à la liberté syndicale et à la confraternité » de la part d'Agnès Buzyn, aux manettes du ministère, qui demanderait une suspension d'exercice de trois mois, sans conciliation préalable. Pour le Dr Jérôme Marty, cette initiative ministérielle est la preuve que la tutelle est « hors sol ». « S'il s'avère que c'est bien la ministre qui est à la manœuvre, on portera plainte à notre tour devant l’Ordre des médecins pour… non-confraternité ! », indique le Dr Marty.

La Fédération des médecins de France (FMF) a également réagi à la plainte de Ségur à l'encontre d'un syndicat, condamnant « une pratique d’un nouveau genre »« indigne » d’un pays démocratique.

Non sens ? 

Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHARe) estime de son côté que cette demande de condamnation est « un non-sens ». Le syndicat considère lui aussi qu'une telle attitude du ministère est « « inacceptable » et digne d'un épisode « peu glorieux du dialogue entre syndicats et tutelles ». Il demande à Agnès Buzyn de retirer sa plainte « et de réaffirmer publiquement la liberté d’expression syndicale »

En septembre, un communiqué commun du SNPHARe et du SNMRH sollicitait une réunion tripartite d'urgence – avec le ministère – afin d’étudier les problèmes liés à la présence de médecins remplaçants dans de nombreuses équipes et les solutions au manque d’attractivité de l’hôpital. Faute de réponse, « nous nous étonnons de la tournure ordinale de ce conflit entre la ministre et les médecins remplaçants », expose le SNPHARe. « Un an et demi après le constat d’un hôpital à bout de souffle par la ministre, rien de concret n’a été mis en place pour l’hôpital et ses soignants : il est là, le scandale ! ».

Le Dr Lynda Darrasse, présidente du SNMRH, dispose d'un mois pour produire un dossier de défense avant une éventuelle réponse du ministère attendue pour l'été 2019, assure son avocat.


Source : lequotidiendumedecin.fr