Loi de santé, TPG : les syndicats médicaux affichent leur unité avant la grève du 13 novembre

Par
Publié le 04/11/2015

Crédit photo : S TOUBON

Mobilisation générale ! Moins de trois semaines après les élections aux URPS qui avaient divisé la profession, les cinq syndicats représentatifs des médecins libéraux se sont rassemblés ce mercredi, à Paris, affichant une exceptionnelle unité avant l’arrêt d’activité prévu à partir du 13 novembre contre la loi de santé.

La CSMF, la FMF, le SML, MG France et Le BLOC, mais aussi l’Union française pour une médecine libre (UFML), ont répondu favorablement à l’invitation du Dr Jean-Michel Klein, président du Syndicat national des ORL, de créer un front syndical contre la loi Touraine que l’Assemblée examinera en seconde lecture à partir du 16 novembre.

Rejet unanime du tiers payant généralisé

Les cinq organisations représentatives de la profession ont adopté une résolution commune (voir ci-dessous) dans laquelle elles appellent la profession à ne pas mettre en œuvre le tiers payant généralisé obligatoire.

Surtout, elles invitent « tous les médecins, quel que soit leur sensibilité, secteur d’exercice ou spécialité, et les autres professionnels de santé » à participer au mouvement d’arrêt d’activité à partir du vendredi 13 novembre et « en s’associant aux actions diverses, grèves de la permanence des soins, manifestations régionales ou nationales dans les jours qui suivront. »

Les cinq syndicats projettent également d’établir une plateforme commune en vue des négociations conventionnelles que l’assurance-maladie doit ouvrir au printemps 2016. « Nous allons nous opposer mais nous serons aussi force de propositions », explique le Dr Claude Leicher, président de MG France.

Des assises de la médecine libérale... le 11 février

Les médecins libéraux présenteront leur propre projet au cours d’assises de la médecine libérale organisées à Paris le 11 février 2016. La date n’a pas été choisie au hasard puisque c’est le jour de la grande conférence nationale de santé de Manuel Valls que tous ces syndicats boycotteront.

Avant toute chose, les syndicats veulent que leur journée « santé morte », ou « Black Friday », selon les appellations, soit couronnée de succès. « Nous engageons un mouvement de blocage sanitaire à partir du 13 novembre, clame le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF. Nous ferons la grève de la permanence des soins et des gardes dans les établissements. On a perdu trois ans, on ne se laissera pas faire. »

Le Dr Bertrand de Rochambeau, co-président du BLOC (majoritaire chez les spécialistes de plateaux techniques), veut « bloquer les soins dans les établissements où toute chirurgie sera reportée ou transférée ».

Tous unis, sans les jeunes

La contestation des médecins libéraux contre la loi de santé entamée depuis près d’un an prend donc un tour nouveau ce mercredi. Les syndicats de praticiens se présentaient pour la première à la même table depuis la manifestation nationale du 15 mars dernier qui avait réuni plus de 50 000 professionnels de santé (majoritairement médecins et internes) contre le projet de réforme.

La donne a cependant changé puisque les seniors n’ont plus le soutien des internes et des chefs, qui, de leur propre aveu, sont « passés à autre chose ».

Surtout, le Premier ministre s’est montré inflexible la semaine dernière au congrès de l’Ordre des médecins, assumant pleinement la mise en place du tiers payant généralisé. « Avec ce mouvement, nous voulons dire à Manuel Valls que cette loi de santé, avec ces dispositions délétères dont le tiers payant généralisé, nous n’en voulons pas, et nous ne la mettrons pas en œuvre », a souligné le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. « Nous sommes unis pour que cette loi ne passe pas, quand elle sera votée », a ajouté le Dr Éric Henry, président du SML, soulignant que son adoption définitive pourrait intervenir à la fin 2015 ou même au début de 2016.

Moratoire ou loi rectificative ?

S’ils affichent leur unité, les syndicats de médecins n’ont pas exactement le même objectif. « Nous espérons un moratoire, nous allons maintenir la pression pour l’obtenir », explique le Dr Jean-Paul Hamon. Le Dr Ortiz juge que la marge de manœuvre est faible. « Nous avons rencontré les différents partis politiques (PS, LR), ils ont affirmé qu’ils ne retireraient pas ou ne reviendraient pas sur la loi, affirme-t-il. La seule chose que nous pouvons obtenir, c’est une loi rectificative qui modifie en profondeur cette loi. Par ailleurs, nous nous battrons pied à pied pour bloquer les décrets d’application. »
 

[]

 


Source : lequotidiendumedecin.fr