À Nancy, le président de l’Ordre pressé par ses troupes de s’opposer clairement à la loi de santé

Publié le 12/10/2015

L’Ordre national des médecins doit-il s’engager fermement dans le combat contre la loi de santé ?

C’est du moins ce que réclament des responsables ordinaux alsaciens et lorrains qui ont pressé le président du Conseil national de l’Ordre (CNOM), le Dr Patrick Bouet, de s’exprimer plus clairement sur ce sujet, samedi dernier à Nancy. Depuis quelques semaines, le Dr Bouet a entrepris un tour de France pour « sonder » les médecins sur l’avenir de la profession. Après s’être rendu en PACA, en Languedoc-Roussillon, en Midi-Pyrénées et à la Réunion, il faisait donc étape à Nancy pour rencontrer les médecins de la future grande région Est – réunissant Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne.

Assujettissement

Lors de cette réunion, le Dr Jean-Marie Letzelter, président de l’Ordre départemental des médecins du Bas-Rhin, a invité l’Ordre national à se prononcer beaucoup plus nettement contre une loi qui « porte atteinte à l’indépendance des médecins, au secret médical et à la liberté de choix », autant de thèmes de la compétence directe de l’Ordre. « À quoi servirait l’Ordre s’il ne s’opposait pas à l’assujettissement de la profession ? », a-t-il poursuivi sous les applaudissements. Une façon de mettre en cause la stratégie ordinale.

Dans la même veine, le Dr Vincent Royaux, président de l’ordre régional de Lorraine, attend de l’institution garante de la déontologie « une position claire » car l’Ordre « ne peut pas faire l’impasse sur certains dogmes ». Plusieurs interventions dans la salle ont conforté la position de fermeté des élus régionaux, qui en dit long sur la mobilisation de la « base ».

Appliquer la loi ou pas

Face à ces reproches à peine voilés, le Dr Patrick Bouet, président du CNOM, a défendu sa position. Il ne se contente pas de lettres de protestations à Marisol Touraine mais « agira si les médecins lui demandent de le faire ». « Si nos confrères nous saisissent au nom des valeurs fondamentales, dont l’indépendance et la liberté, a-t-il assuré, nous nous mobiliserons contre la loi de santé. Mais nous sommes conscients aussi que les médecins attendent autre chose de nous qu’une simple démission en bloc [de l’Ordre] ». Une hypothèse qui aurait été débattue en interne sous la pression de certains élus...

Le patron de l’Ordre estime, en tout état de cause, qu’il existe plusieurs manières de rendre la loi Touraine « inapplicable » dès lors qu’il faudra des dizaines de textes d’application. La question de l’inapplicabilité de cette loi constitue une piste sérieuse pour les adversaires de cette loi, juge le Dr Bouet.

Ouvrant la réunion, le Dr André Rossinot, ancien député-maire radical de Nancy, a troublé l’auditoire en s’exprimant mollement sur le tiers payant qui « fonctionne bien chez les pharmaciens ». « Si la droite repasse, on risque de se retrouver avec le même dossier qu’avec Marisol Touraine », en ont conclu des participants.

De notre correspondant Denis Durand de Bousingen

Source : lequotidiendumedecin.fr