Que retenir des expériences étrangères de régulation ?

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Publié le 25/06/2018
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Pour le Dr Christian Sueur, psychiatre au centre hospitalier Le Vinatier, à Lyon, le phénomène des coffee shops aura au moins eu le mérite de « rappeler qu'on a besoin d'un système de régulation intelligent, à l'image de celui mis en place par les Canadiens ou les Uruguayens, et pas l'espèce de jungle qui règne au Colorado et en Californie. »

Les premiers résultats de l'étude Cannalex analysant l'impact des différentes expériences de régulation du cannabis, font en effet état de 2 modèles de régulation : « Dans les deux États nord-américains, le choix du modèle de régulation répond à l’objectif de diminuer les coûts liés à la prohibition et de générer des revenus fiscaux accompagnant une économie nouvelle, notent les auteurs. À l’inverse, en Uruguay, les objectifs poursuivis sont la réduction du marché noir, le renforcement de la santé publique, la sécurité des usagers et la protection des mineurs. » En Uruguay, la volonté de régulation s'est traduite par la création d'une société savante chargée de la formation sur le cannabis thérapeutique. Les choix pris dans les deux états américains ont en outre favorisé l'apparition « marché gris », toujours selon l'OFDT.

8 % de la population mondiale

Pour l'instant, 33 pays ont autorisé totalement ou partiellement l'usage médical du cannabis, soit 8 % de la population mondiale. En Allemagne également, il est possible depuis le 10 mars 2017 de prescrire des fleurs et des extraits de cannabis à chaque patient. Le régime allemand de sécurité sociale a depuis reçu 12 000 demandes de remboursement pour de telles prescriptions, dont 6 800 ont été approuvées.

Si le cannabis thérapeutique n'est pas officiellement reconnu en Suisse, le CBD y est commercialisé depuis plusieurs années, de manière encadrée. « Les producteurs de CBD travaillent avec les autorités sanitaires sur les normes et Il y a des utilisations claires et précises », ajoute le Dr Sueur.

Dernier exemple en date : le Canada où le cannabis deviendra légal à partir du 17 octobre. La loi votée lors de la session parlementaire du 20 juillet autorise la culture, le transport et l’achat de cannabis produit sous licence. La production pour usage personnel est possible dans la limite de 4 plants. La licence permettant de produire du cannabis répond à des normes de qualité strictes en termes de taux de THC. Le gouvernement canadien a par ailleurs rendu illégale la conduite d'un véhicule moins de 2 heures après la consommation de cannabis, objectivé par un test salivaire.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin: 9676