Oui ou non au front républicain

Régionales : le dilemme du PS

Publié le 29/10/2015
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Valls et Cambadélis : ce n’est pas le moment

Valls et Cambadélis : ce n’est pas le moment
Crédit photo : AFP

Le choix est affreux pour le PS en particulier et pour la gauche en général. Là où le PS arrivera troisième au premier tour, il peut se désister et laisser le FN et la droite en découdre, se maintenir et favoriser ainsi la victoire du Front ou fusionner ses listes avec celles de la droite et le centre s’ils sont d’accord. Dans le premier cas, le PS disparaît pendant six ans de la gestion de la région, ce qui, admettons-le, est pénible. La fusion est problématique pour deux raisons : d’une part, elle confirmerait l’accusation du FN selon laquelle la droite et la gauche c’est bonnet blanc et blanc bonnet ; et d’autre part elle solliciterait la mansuétude d’une droite qui, ayant le vent en poupe, risque de se montrer intraitable.

La question du front républicain est un serpent de mer. Il a fonctionné de façon prodigieuse et sans concertation aucune entre les partis au lendemain du premier tour de la présidentielle de 2002. Au second tour, la France a massivement voté Jacques Chirac avec 82 % des voix contre moins de 18 % pour Jean-Marie Le Pen. Mais pour les régionales, c’est une autre affaire. Ce sont par définition des élections locales où les gens votent pour des candidats qu’ils connaissent ou qui leur inspirent confiance. Treize années ont passé, pendant lesquelles Marine a succédé à Jean-Marie, le Front est devenu un parti acceptable vers lequel les électeurs affluent sans la moindre honte et le danger que présente une victoire de l’extrême droite (qui ne veut plus qu’on l’appelle ainsi) est beaucoup moions perçu par l’électorat. Cette année aux régionales, les Français voteront sans complexe pour qui leur plaît. Il sera donc très difficile d’agiter un épouvantail pour les convaincre de voter « républicain ».

La responsabilité du PS.

Il est vrai que la droite, de son côté, n’est pas prête à renvoyer l’ascenseur au PS après le cadeau qu’il lui a fait en 2002. Ce qui, forcément, a déclenché dans le camp socialiste des accusations de connivence entre les Républicains et le FN. Ce n’est pas vrai, bien sûr. Ce qui est vrai, c’est que la droite et centre sont disposés à abandonner le PS à ses tourments, à le laisser se débattre dans des angoisses morales et politiques nourries par sa perte de popularité. Pour calmer le jeu, le patron des socialistes, Jean-Christophe Cambadélis, dit qu’il est beaucoup trop pour décider du choix du PS dans chaque région. C’est une façon de ne rien faire en attendant l’orage. La vérité cachée du débat, c’est que la gauche aujourd’hui a sa part de responsabilité dans l’ascension du FN, soit en adoptant des lois comme le mariage pour tous, soit parce qu’elle a été impuissante contre le chômage, apportant de la sorte à l’extrême droite un précieux carburant. Les Républicains n’insistent pas trop sur ce point, conscients qu’ils sont de leurs propres responsabilités dans le succès du FN.

Les uns et les autres devraient se débarrasser de leurs complexes et de leurs craintes. Il est impossible de rééditer le coup de 2002 parce qu’il ne s’agit pas de la même consultation. Personne ne doit craindre de « diaboliser » le FN car il est faux de dire que Marine Le Pen l’a dédiabolisé. Personne ne doit craindre le slogan « UMPS », trouvaille facile de Mme Le Pen mais qui ne correspond à rien, le clivage idéologique entre les deux partis étant très apparent et l’UMP ayant changé de nom. Faire barrage au Front, ce n’est pas seulement une nécessité républicaine, c’est un devoir démocratique. Si le FN perce aux régionales, si, par extraordinaire, il emporte non pas une mais deux régions, s’il atteint ce résultat parce que les forces de droite et de gauche n’ont pas su s’organiser pour le maintenir là où il est, dans la contestation permanente et stérile, la droite et la gauche n’auront que leurs yeux pour pleurer.

Richard Liscia

Source : Le Quotidien du Médecin: 9445