Élections régionales en Nord-Pas-de-Calais/Picardie

Xavier Bertrand peut-il faire barrage à Marine Le Pen ?

Publié le 30/11/2015
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Les trois favoris pour présider la super-région avaient débattu le 27 octobre sur Europe1 et Itélé

Les trois favoris pour présider la super-région avaient débattu le 27 octobre sur Europe1 et Itélé
Crédit photo : AFP

Les jeux sont-ils déjà faits dans la région Nord-Pas-de-Calais Picardie ? Les derniers sondage publiés après les attentats créditent Marine le Pen d’une large avance au premier tour (autour de 40 % des suffrages), creusant l’écart avec Xavier Bertrand, candidat de la droite et du centre, et l’élu local PS Pierre de Saintignon. Au deuxième tour, seul un face à face entre le FN et la droite semble de nature à préserver le suspense...

Dans les états-majors, c’est le casse-tête depuis des mois. « L’enjeu est de faire barrage au FN », assume le Pr Brigitte Mauroy, médecin urologue et PU-PH au groupe hospitalier de l’Institut catholique de Lille, candidate sur la liste de Xavier Bertrand.

L’idée d’une fusion des listes PS-LR dans la région entre les deux tours, évoquée par Manuel Valls pour faire barrage à la présidente du FN, a reçu un accueil frais des intéressés. Martine Aubry, premier soutien de Pierre de Saintignon, a suggéré au Premier ministre de se tenir à l’écart. « On est en train de faire campagne, si on pouvait nous laisser tranquille (...) », avait taclé la maire de Lille au congrès du Mouvement des jeunes socialistes (MJS). Xavier Bertrand est encore plus clair. « Même liste et même projet pour le premier et second tour. Il n’y aura pas d’arrangements, ni de fusion ».

Mauvais indicateurs

Si la thématique sécuritaire s’est naturellement imposée avec l’actualité du terrorisme, la santé a coloré la campagne malgré l’absence de compétence directe de la région dans ce domaine. Cette présence des questions de santé tient aux candidats eux-mêmes mais également à la situation régionale, marquée par les mauvais résultats de santé et les inégalités sociales de premier plan.

« Le Nord-Pas-de-Calais/Picardie est la région qui affiche les moins bons indicateurs de santé, on vit moins longtemps qu’ailleurs, on est plus touché par les maladies cardiovasculaires, les AVC, le diabète ou les cancers. Ça ne peut plus durer », assure Xavier Bertrand au « Quotidien ». L’ancien ministre de la Santé fixe ses priorités : investir dans les équipements médicaux, fidéliser les jeunes médecins (avec des aides financières au logement et des bourses), soutenir les maisons de santé multidisciplinaires validées, développer la télémédecine, installer la Silver économie, promouvoir une recherche entrepreneuriale...

Pas un habitant à plus de 40 minutes des spécialistes

Pas en reste, Pierre de Saintignon met l’accent sur l’accès aux soins. Son plan « Garantie Santé » vise la création de 40 maisons de santé « dès les deux premières années de mandat ». Objectif : aucun habitant à plus de 30 minutes d’un généraliste et à plus de 40 minutes d’un spécialiste dans tous les territoires. Autres axes : doper le financement régional de la recherche médicale, soutenir les deux CHRU, lancer trois plans santé (cancer, nutrition, prévention)... Il promet surtout la création de 7 000 emplois santé au cours de son mandat.

Marine Le Pen mise de son côté sur la prévention primaire et les plans de santé publique : nutrition, cancers, maladies cardio-vasculaires, Alzheimer et addictions. La candidate FN s’engage à mettre en œuvre une « véritable politique d’aide » afin de lutter contre la solitude et l’isolement des personnes âgées. En revanche, sa proposition initiale « d’éradiquer toute immigration bactérienne », qui avait soulevé l’indignation, n’apparaît plus dans le projet de la candidate.

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du Médecin: 9454