130 ans après sa naissance, l'institut Pasteur ouvre son 33e institut à l'international

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Publié le 14/11/2018
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Crédit photo : S. Toubon

L'Institut Pasteur fête son 130e anniversaire ce mercredi. Le 14 novembre 1888, l'inauguration en grandes pompes de l'Institut Pasteur* de Paris marquait le début d'une aventure ponctuée de découvertes majeures, de dix prix Nobel et d'un développement à l'international. Dès 1892, en effet, un élève de Louis Pasteur, Albert Calmette, fondait à Ho-Chi-Minh-Ville (Saïgon à l'époque), le premier institut en dehors de la France métropolitaine, initiant ce qui deviendra le réseau des instituts pasteurs. 

Traditionnellement, chaque institut est indépendant, rattaché administrativement au pays qui l'héberge. Ils partagent tous un socle d'actions communes : recherche, enseignement et missions de santé publique. Depuis octobre, le réseau Pasteur est riche d'un 33e membre : l'institut Pasteur de Guinée.

4 membres dans un labo

Il s'agit d'un institut « from scratch » (monté à partir de rien), comme l'explique au « Quotidien », le Pr Noël Tordo, microbiologiste pasteurien expatrié à Conakry où il dirige la toute jeune institution, dont le premier laboratoire a été ouvert le 22 octobre dernier. Les débuts sont encore modestes : l'institut se résume pour l'instant à un scientifique français expatrié, un thésard et un technicien guinéen, rassemblés dans un unique laboratoire au sein de l’université Gamal Abdel Nasser à Conakry.

À terme, le Pr Tordo espère que l'institut comprendra « une trentaine de membres ». Pour travailler sur quels thèmes ? Les zoonoses et les maladies émergentes bien sûr ! Il faut dire que la décision de monter un institut Pasteur a été prise en 2015, au plus fort de la grande épidémie d'infections par le virus Ebola qui a tué plus de 11 000 personnes dans le pays. « Il y a 2 manières de procéder, poursuit le Pr Tordo, soit on attend qu'un virus émerge d'un réservoir animal et infecte l'homme pour l'étudier, soit on va voir directement dans un réservoir animal les virus qui sont susceptibles d'en sortir. C'est cette 2e approche que nous allons privilégier. »

Le credo du Pr Tordo, c'est une approche intégrée de la santé publique, animale et environnementale. « Nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère Guinéen de l'agriculture sur la question des zoonoses et de la sécurisation alimentaire. »

Le premier P3 du pays

Non loin de l'université, des ouvriers ont commencé à ériger le futur bâtiment de l'institut sur un hectare de terrain confié par le gouvernement Guinéen avec des fonds de l'agence française pour le développement. L'ensemble comprendra 350 m2 de laboratoires, dont le premier laboratoire P3 de Guinée. Faute de pouvoir compter sur des ressources financières locales, « nous fonctionnons grâce à des financements de recherche de l'Union Européenne, une bourse de l'agence française pour le développement et des fonds du ministère français des Affaires étrangères », précise le Pr Tordo. À l'avenir, des ressources complémentaires proviendront des activités de biologie médicale, de diagnostic et de surveillance, proposées par l'institut.

Depuis 2 ans, le Pr Tordo organise des cours théoriques et pratiques auprès d'étudiants guinéens. Les plus motivés ont été envoyés dans les instituts Pasteur de Dakar, d'Abidjan et de Yaoundé pour une remise à niveau en vue d'intégrer le nouvel établissement. « J'ai recruté les plus motivés et dynamiques », précise le Pr Tordo, qui reconnaît « la difficulté de recruter des femmes en Guinée ».

* Le budget de l'institut Pasteur repose, pour un tiers, sur la collecte auprès du public qui représente environ 30 millions d'euros. Cette année, le lancement du Pasteurdon a été marqué par une crainte face à une baisse des dons d'environ 15%. 


Source : lequotidiendumedecin.fr