Depuis le mois de juin, un drôle de « camion », tout en couleurs, sillonne les routes de Bretagne. C'est l'unité mobile d'investigation clinique (Umic) du Centre hospitalier universitaire de Rennes. Imaginée en 2018 par le centre d'investigation clinique du CHU, l'Umic est entièrement dédiée au service de la recherche. Soutenue par la région Bretagne, l'ARS Bretagne, Rennes métropole, l'Université de Rennes 1 et l'Inserm, elle a pour vocation de renforcer, dynamiser et rapprocher la recherche des territoires en lui permettant de se délocaliser. Une première en France.
À peine plus grande qu'un véhicule du Samu, « conçue sur mesure, cette salle de consultation roulante est dédiée à la recherche », indique le Pr Bruno Laviolle, directeur du Centre d'investigation clinique de Rennes (CIC Inserm 1414) dont dépend l'unité mobile. Elle peut embarquer jusqu'à trois personnes (médecin, infirmière de recherche clinique, technicien d'étude clinique). Le médecin et l'infirmière réalisent les actes médicaux et paramédicaux demandés par les études. Le technicien d'étude clinique gère la logistique de l'étude et la saisie des données. « Bien évidemment, d'autres professions peuvent être transportées en fonction des besoins. Des praticiens paramédicaux, par exemple », précise-t-il.
« Techniquer » sur place les prélèvements
L'Umic dispose de tout ce dont une salle de consultation dédiée à la recherche clinique a besoin : une banquette d'examen, un congélateur pour la conservation des échantillons biologiques, une centrifugeuse réfrigérée pour traiter sur place les prélèvements et tout le matériel médical dont est équipée une salle de consultation.
« On peut y réaliser tous les actes standards (mesure de pression artérielle, fréquence cardiaque, température, électrocardiogramme, prise de sang, prélèvements urinaires...). On peut "techniquer" sur place les prélèvements grâce notamment à une centrifugeuse réfrigérée et les stocker dans des conditions optimales avec un congélateur à -20 °C si besoin », précise-t-il. Le concept repose sur trois besoins majeurs : une salle de consultation, du personnel spécialisé et des investigations spécifiques avec une gestion des prélèvements possible en dehors d'un établissement de soins.
Le développement du « aller vers »
« L'idée est venue en discutant entre médecins, raconte le directeur du Centre d'investigation clinique de Rennes, Bruno Laviolle. Nous demandons aux patients participant aux études de venir à l'hôpital alors que, parfois, les actes ne nécessitent pas de plateau technique sophistiqué. »
Entre l'idée de cette unité et l'obtention de l'agrément quatre ans ont passé avant qu'elle ne fasse ses premières virées bretonnes et n'inspire d'autres régions. « Je suis allé voir nos principales tutelles et partenaires (région, métropole, ARS, CHU, université, Inserm) pour exposer le projet. L'écoute a été bienveillante. Avec le développement de la notion du "aller vers", notre concept était dans l'air du temps », souligne le Pr Bruno Laviolle.
Son équipement optimal permet de dépêcher une équipe un peu partout (Ephad, lieu de travail d'un patient...) en fonction des besoins, d'éviter aux personnes participant à un projet de recherche un déplacement superflu à l'hôpital...
Crédit photo : CHU de Rennes -
Le 10 juin, l'équipe du CHU de Rennes a fait sa première sortie sur les routes bretonnes. Plus précisément à Vern-sur-Seiche (35), pour aller à la rencontre de huit patients participant à une étude nationale de l'ANRS-MIE. « Nous avons choisi de débuter par une étude simple, indique le Pr Laviolle, la cohorte Cov-Popart. Elle a pour objectif de suivre des patients vaccinés Covid-19 en incluant des sujets présentant des pathologies à risque (diabète, obésité, cancers, transplantation, déficits immunitaires, sclérose en plaques...) et des sujets contrôles ne présentant pas ces pathologies. »
D'ici peu, les « passagers » de Umic organiseront des prélèvements biologiques dans une vingtaine d'Ehpad de Bretagne. Ils auront pour mission cette fois d'étudier les effets d'une alimentation riche en oméga 3 chez les résidents. Pour le Pr Laviolle, ce véhicule « répond aux besoins d'investigation de la majorité des études sauf, bien sûr, pour des actes plus techniques ou invasifs tels que l'imagerie. Il complète parfaitement notre unité d'investigation clinique de l'hôpital ».
Dans la majorité des cas, en Bretagne comme ailleurs en France, les praticiens de ville ne disposent pas du lieu, du temps ou du personnel pour participer à des études cliniques. « Là encore, ajoute Bruno Laviolle, le camion peut se rapprocher de leur cabinet pour leur proposer toute l'aide dont ils ont besoin (du personnel et un lieu permettant de prendre en charge le patient. »
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