Covid-19 : quatre traitements précoces évalués avec un bras placebo dans l'essai ambulatoire COVERAGE lancé au CHU de Bordeaux

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Publié le 17/04/2020

Crédit photo : S.Toubon

Quatre monothérapies vont être testées en ambulatoire pour le traitement précoce du Covid-19. Baptisé « COVERAGE », cet essai inédit, lancé par le CHU de Bordeaux, avec de nombreux partenaires, repose sur « des médicaments homologués, repositionnés à l’investigation dans la nouvelle indication d’une maladie émergente qu’est le Covid-19 », indique au « Quotidien » l’investigateur principal de l’essai, le Pr Denis Malvy, infectiologue et responsable de l’unité des maladies tropicales et du voyageur au CHU de Bordeaux et membre du conseil scientifique qui conseille les autorités dans la pandémie actuelle.

Plus de 1 000 patients de plus de 65 ans

Randomisé et multicentrique, l’essai doit inclure plus de 1 000 patients de plus de 65 ans, pris en charge à domicile dès les premiers symptômes. En ciblant une population à risque de forme sévère, l’objectif est double : apporter un « bénéfice individuel bien sûr, mais aussi protéger le système de santé en prévenant une orientation vers l’hôpital », poursuit le Pr Denis Malvy.

À côté d’un bras contrôle qui recevra un mélange de vitamines à dose nutritionnelle, le protocole prévoit quatre bras : le telmisartan (à des doses de 20 mg), le favipiravir, l’imatinib et l’hydroxychloroquine (avec une posologie similaire à celle de l’essai Discovery, soit une dose de charge et une dose d’entretien à 400 mg par jour).

Ce sont « les candidats les plus prometteurs à l’heure actuelle, mais il y en a d’autres dans l’escarcelle, souligne le Pr Denis Malvy. Au moins deux autres stratégies thérapeutiques mériteraient d’être considérées pour leurs promesses sur l’activité virale ou sur la modulation de la réponse de l’hôte. On espère pouvoir les évaluer, soit en monothérapie, soit en combinaison. Ce sont les faits et les résultats d’autres essais internationaux qui nous dicteront la suite ».

Un appui sur des équipes mobiles médecin/infirmier

Cet essai « monté en trois semaines », se félicite l’infectiologue, associe de nombreux partenaires (1), et notamment la médecine de ville, un « maillon essentiel ». Des équipes mobiles, constituées d’un médecin et d’un infirmier/infirmière, sont chargées de l’inclusion des patients Covid+ et de l’administration des médicaments. Un suivi continu sera assuré, notamment par téléphone.

D’autres CHU devraient être associés à l’essai « dans les prochains jours », indique le Pr Denis Malvy, notamment dans les zones les plus touchées par l’épidémie, soient les régions Île-de-France et Grand-Est.

L’essai repose également sur une technologie d’intelligence artificielle pour le bon usage des médicaments, développée par la start-up Synapse Medicine, pour permettre la vérification en temps réel, par les équipes mobiles, de la compatibilité du traitement avec les médicaments habituels du patient.

Des analyses intermédiaires seront communiquées « dès qu’il y aura matière à produire de l’information apportant des bénéfices aux patients et aux groupes vulnérables », indique le Pr Malvy.

(1) L’ensemble des plateformes opérationnelles de réponse ambulatoire au Covid-19 en Gironde est associé à l’essai : centre 15, unités diagnostiques Covid-19, services d’accueil des Urgences (SAU), plateformes VilleHop et Ange Gardien (Rafael Covid), les équipes mobiles en Ehpad et SOS Médecins.


Source : lequotidiendumedecin.fr