En détournant la protéine Musashi-1 (MSI1), le virus Zika parvient à se répliquer dans les cellules-souches neurales et à tuer ces dernières, entraînant à terme la microcéphalie. C’est ce que prouve une étude parue dans « Science ».
Des chercheurs de l’université de Cambridge ont étudié plusieurs lignées cellulaires pour tâcher de comprendre comment le virus Zika pouvait provoquer des microcéphalies. Parmi les lignées étudiées, les cellules-souches neurales (CSN). C’est dans celles-ci, qui se différencieront à terme pour former le cerveau du nouveau-né, que sont majoritairement produites les protéines MSI1.
Détournement de la protéine MSI1
Quand le virus Zika entre dans ces cellules-souches, il détourne MSI1 pour sa propre réplication, ce qui endommage les CSN, les rendant d’autant plus vulnérables au virus. Les chercheurs ont ainsi constaté que dans des CSN infectées par le virus mais incapables de produire MSI1, la réplication du virus était significativement réduite, tout comme la mort cellulaire. Par ailleurs, le virus empêche aussi MSI1 de fonctionner correctement, perturbant sa liaison à ses cibles endogènes, et altérant l’expression de nombreux gènes impliqués dans le développement neural.
D’autre part, les chercheurs ont montré que MSI1 était mutée chez des individus avec un type rare de microcéphalie héritée, non liée à l’infection par le Zika.
Une piste pour un vaccin
Ces divers résultats suggèrent que les CSN ont besoin de MSI1 pour générer assez de neurones pour produire un cerveau de taille normale mais aussi que la présence de MSI1 augmente la vulnérabilité des CSN à l’infection.
Les chercheurs notent enfin que MSI1 est aussi hautement exprimé dans la rétine et les testicules, d’autres tissus vulnérables à l’infection par Zika. « Le développement du cerveau humain est unh processus complexe impliquant des cellules souches mais aussi l'action coordonnée de plusieurs gènes. Nous avons, pour la première fois, le lien entre Zika et le gène MSI1, le virus détournant le gène pour son propre cycle de vie », souligne le Dr Fanni Gergely de l'Université de Cambridge, un des auteurs. Les chercheurs espèrent que la compréhension de cette étape ouvre une piste pour la recherche vaccinale.
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