E-cigarette : vapoter favoriserait l’adhésion des pneumocoques aux cellules respiratoires

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Publié le 08/02/2018
vapotage

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Crédit photo : Queen Mary University of London

La vapeur des cigarettes électroniques aide les bactéries pneumocoques à adhérer aux cellules des voies aériennes supérieures, ce qui pourrait favoriser la pneumonie, avancent des chercheurs britanniques dans un article paru dans le « European Respiratory Journal ».

Leur étude montre que, comme la fumée de cigarettes classique, la pollution atmosphérique et les vapeurs de soudage, vapoter augmenterait les risques de pneumonie, d’après des tests réalisés in vitro, in vivo chez des souris, et chez un petit échantillon d’hommes.

« Nous savions que la fumée de cigarette aide les pneumocoques à adhérer aux cellules des voies aériennes, augmentant le risque d’infection, et nous voulions voir si la vapeur de cigarette électronique avait le même effet », indique le Pr Jonathan Grigg, auteur principal de l’article et professeur en médecine respiratoire et environnementale pédiatrique, à l’université Queen Mary à Londres.

Le niveau de RFAP augmente in vivo…

Les auteurs ont dans un premier temps observé les effets de la vapeur d’e-cigarette sur le récepteur du facteur activant les plaquettes (RFAP), une molécule produite par les cellules épithéliales nasales, et dont de précédentes études avaient montré qu’elle favorisait l’adhésion des pneumocoques à ces mêmes cellules.

Ils ont donc exposé des cellules nasales humaines à de la vapeur d’e-cigarette (contenant ou non de la nicotine), et les ont comparées à des cellules non exposées à ces vapeurs. Et ils ont constaté que les cellules exposées (que la vapeur contienne ou non de la nicotine) produisaient trois fois plus de RFAP que les cellules non exposées.

En mettant en contact ces cellules avec des pneumocoques, ils ont aussi observé que le niveau d’adhésion des bactéries aux cellules était doublé avec les cellules exposées à la vapeur d’e-cigarette (à la nicotine ou non). Les auteurs ont aussi noté que l’adhésion des pneumocoques aux cellules était bloquée par un inhibiteur de RFAP, le CV3988.

… chez des souris et des hommes

Ils ont ensuite testé l’effet de la vapeur inhalée sur des souris. Cette exposition augmentait elle aussi les niveaux de RFAP dans les cellules du nasopharynx de souris, ainsi que la colonisation des cellules par les pneumocoques, rendant les souris plus susceptibles de développer la maladie. Là aussi, les auteurs ont noté que l’adhésion des bactéries était atténuée par l’antioxydant N-acétyl cystéine.

Enfin ils ont évalué les niveaux de RFAP dans les cellules nasales de 17 hommes, 11 vapoteurs (dont un seulement utilisait une cigarette électronique sans nicotine) et 6 individus contrôle (ne fumant ni ne vapotant). Les vapoteurs, qui n’avaient pas utilisé leur cigarette électronique depuis 24 heures, l’ont utilisé pendant 5 minutes, exhalant la vapeur à la fois par la bouche et le nez.

Les niveaux de RFAP dans les voies aériennes supérieures ont été mesurés chez l’ensemble des sujets. Avant vapotage (pour le groupe test), les niveaux de RFAP étaient les mêmes dans les deux groupes. Une heure après vapotage, les niveaux de RFAP avaient triplé chez les vapoteurs. Le fait que les niveaux avant vapotage ne soient pas augmentés chez les vapoteurs semble signaler que l’augmentation de l’expression de RFAP n’est pas persistante dans le temps.

« Ces résultats dans leur ensemble suggèrent que le vapotage rend les voies aériennes plus vulnérables aux pneumocoques, estime le Pr Grigg. Si un usager de cigarette électronique est exposé à la bactérie, cela pourrait augmenter son risque d’infection. »


Source : lequotidiendumedecin.fr