Interdisciplinarité, accent sur la santé publique, attractivité des postes de médecins ou encore lisibilité à l’international : dans un rapport d’évaluation de l’Inserm pour la période 2016-2020, rendu public ce 27 mai, un comité d’experts internationaux, mandaté par le Haut Conseil d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (HCÉRES) avance plusieurs pistes pour renforcer l’organisme de recherche.
Saluant une gestion « très efficace » lors d’un point presse, la présidente du comité, Fiona Watt, présidente du Medical Research Council (UK) a insisté sur le manque de stratégie à long terme sur la santé publique, orientation qui permettrait pourtant d’« aborder les questions de la prévention et des inégalités en santé ». La santé publique ne dispose que d’un « nombre relativement faible d’équipes dédiées » et reste « limitée à quelques projets spécifiques », pointent les experts.
Renforcer le dialogue avec le ministère de la Santé
Soulignant le rôle d’initiative du ministère de la Santé, l’une des tutelles de l’institut, sur cette question, le comité invite ainsi l’Inserm à renforcer le dialogue et à « prendre plus de pouvoir dans la conduite de la politique de recherche en santé publique et d'accroître son activité dans ce domaine ». Reconnaissant une relation « plus distante » avec le ministère de la Santé qu’avec celui de la recherche, le patron de l’Inserm, Gilles Bloch, estime que le dialogue « s’est renforcé » avec la crise sanitaire et affiche sa volonté de voir l’institut travailler sur cette « orientation stratégique » notamment sur la prévention.
Un moyen d’y parvenir pourrait être le renforcement d’une approche interdisciplinaire, une autre recommandation du comité d’experts, en « consolidant » le partenariat avec le CNRS et les liens avec les CHU, notamment pour la gestion des cohortes. Sur ce dernier point, les experts alertent sur le manque d’attrait de la recherche pour les médecins, et notamment « la médiocrité des salaires proposés ». Ce manque d’attractivité constitue un « obstacle majeur à l’élargissement du champ d’action de l’Inserm dans la santé publique ». L’enjeu pour « augmenter le potentiel de chercheurs à profil médical » est de favoriser le temps partagé entre la recherche et le soin, estime le vice-président du comité d’experts, le Pr Jacques Samarut, PH aux Hospices civils de Lyon, ancien directeur de l’ENS de Lyon et du département des sciences de la vie du CNRS.
Dégager 30 à 40 millions pour les nouvelles activités de recherche
Côté gouvernance, les experts appellent à un échelonnage des mandats des membres du Conseil scientifique pour assurer une continuité de leur mission. Leurs départs simultanés en fin de mandat entraînent une « perte de mémoire », juge Fiona Watt. La gouvernance pourrait également être améliorée par une participation des chercheurs aux orientations, est-il relevé. Vu de l’étranger, le rôle de l’Alliance nationale pour les sciences de la vie et la santé (Aviesan) mériterait d’être clarifié, peut-être par la création d’un « guichet unique » pour les partenariats internationaux, est-il suggéré.
Le financement annuel de l’Inserm, dont 65 % sont issus de fonds publics, est par ailleurs jugé peu compatible avec l’établissement d’une stratégie quinquennale. Surtout, alors que seulement 6 millions d’euros du budget de l’institut (966 millions annuels) sont mobilisables pour des initiatives stratégiques, le comité recommande d’« identifier les moyens d'augmenter le budget disponible pour déployer jusqu'à 30 à 40 millions d'euros par an sur la politique scientifique ». Ces budgets non fléchés sont nécessaires pour « stimuler les nouvelles activités de recherche », indique Fiona Watt. Sur certains sujets comme la santé publique, « il serait plus efficace que le financement passe directement à l'Inserm depuis le ministère de la Santé, plutôt que via les CHU », ajoute le comité.
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