Grossesse, sexualité, traitement

La vie avec le VIH quand on est femme

Publié le 08/03/2012
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LES TRAITEMENTS antirétroviraux actuels permettent aux patients séropositifs de mener une vie quasi-normale, les cas de sida sont rares et l’infection par le VIH est maintenant une maladie chronique. Elle nécessite cependant un suivi attentif, une bonne observance au traitement et une mesure régulière de la charge virale et du taux de lymphocytes T4 (ou CD4) pour lesquels la collaboration praticien hospitalier/médecin traitant est vivement souhaitée.

La grossesse est possible.

L’éventualité d’une grossesse est évoquée chez toute femme VIH+ nouvellement prise en charge.

- Si la grossesse n’est pas envisagée, une contraception sera toujours proposée (contraception orale, implant contraceptif ou stérilet).

- Si une femme séropositive a un désir d’enfant, elle ne doit pas être découragée mais informée : « La séropositivité, précise le Dr Françoise Meier, n’est pas une contre-indication à la grossesse en absence de sida et si les T4 sont supérieurs à 200/mm3. Si la charge virale est détectable ou si les T4 sont trop bas, il vaut mieux attendre que ces paramètres s’améliorent avec le traitement. » Certains antirétroviraux étant contre-indiqués chez la femme enceinte, lorsqu’un enfant est souhaité, il est préférable de prescrire d’emblée un traitement non contre-indiqué.

Il faut expliquer à la patiente comment être enceinte en pratiquant l’auto-insémination à la seringue ou en retournant le préservatif dans le vagin sans contaminer son partenaire, ni risquer de réinfection virale s’il est lui-même séropositif.

Le risque de transmission materno-fœtale du VIH est actuellement ‹ 1 % chez une patiente dont la charge virale est indétectable, si la grossesse est suivie et si la patiente est observante au traitement. Cette contamination bien que rare semble survenir plutôt au moment de l’accouchement avec un risque plus faible par césarienne que par voies naturelles. Cependant, la césarienne n’est plus systématique sauf si la charge virale est élevée et la femme non observante.

Lorsque la séropositivité est découverte en début de grossesse et que le bilan viro-immunologique est satisfaisant, un traitement anti-VIH est instauré avant la 26e semaine d’aménorrhée. L’indétectabilité doit être obtenue rapidement afin d’éviter tout risque de transmission en cas d’accouchement prématuré.

Un traitement sera donné au bébé dès la naissance et l’allaitement maternel est contre-indiqué.

Une sexualité difficile à assumer.

De multiples facteurs s’additionnent pour altérer la sexualité de la femme séropositive : perturbation de la relation avec le partenaire, parce qu’il est à l’origine de la contamination, par peur de le contaminer ou par peur de celui-ci d’être contaminé ; nécessité d’avoir des rapports protégés difficiles à gérer sur le long terme ; troubles de la libido due à la maladie, au risque de transmission, aux traitements ainsi qu’à une possible perturbation du schéma corporel ; troubles de l’humeur et états dépressifs fréquents.

Vivre avec un traitement anti-VIH.

Si les liposdystrophies sont beaucoup moins observées avec les traitements actuels, la prise de poids est fréquente et une bonne hygiène de vie est recommandée d’autant plus que certains traitements peuvent favoriser la survenue d’un diabète. Lorsque le bilan est satisfaisant, le risque d’immunodépression et d’infections opportunistes est faible. Les traitements anti-VIH sont maintenant prescrits depuis une vingtaine d’années. Chez les femmes VIH+, la ménopause semble plus précoce et le vieillissement accéléré. L’infection à VIH et ses traitements augmentant le risque cardiovasculaire, une vigilance accrue est de mise en cas de tabagisme ou d’hypercholestérolémie. Une ostéopénie et des fractures spontanées liées à un trouble du métabolisme calcique, à une insuffisance de vitamine D et à une inflammation chronique sont plus fréquentes.

 YVONNE EVRARD D’après un entretien avec le Dr Françoise Meier, consultation VIH (adultes et femmes enceintes) – Médecine interne - hôpital Louis-Mourier Colombes.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9095