« Le témoignage passionné d'une communauté de chercheurs en sciences de la vie qui espèrent donner le goût de la nature et susciter la curiosité vis-à-vis des terrains inconnus et immenses qu'il reste à explorer ». C'est ainsi que l'INSERM et le CNRS ont présenté, ce jeudi 22 septembre, le livre blanc pour les sciences du vivant au XXIe siècle, qui sera publié début 2017. Cet ouvrage présente les grands tournants qui ont bouleversé ce début de siècle dans le domaine des sciences du vivant et les promesses que sous-tendent ces découvertes scientifiques.
« S'arrêter, réfléchir et se parler »
Catherine Jessus, directrice de recherche au CNRS, initiatrice et pilote de l'ouvrage, souligne : si certains progrès technologiques de ce début de XXIe siècle ont été sous le feu des médias (imagerie, big data, séquençage du génome…), « il existe de nombreuses grandes découvertes qui, parce qu'elles n'ont pas de connexions directement visibles avec des applications, échappent à cet emballement. » Le livre blanc « entend faire connaître ces bouleversements » ajoute-t-elle.
Yves Lévy, PDG de l'INSERM, estime qu'un des enjeux principaux de la recherche consiste à « se préparer à des défis que l'on n'a pas prévus et être prêts à les relever ». Et d'ajouter : « Il est apparu, à un moment, qu'il fallait s'arrêter, réfléchir et se parler, tous organismes de recherche confondus, toutes disciplines confondues, pour améliorer les liens et pouvoir, ainsi, définir les défis qui s'offriront à nous. »
Pour cela, « l'interdisciplinarité et le "travailler ensemble" sont indispensables » précise Alain Fuchs, président du CNRS, « car il n'existe plus, désormais, de grandes disciplines qui ne soient pas impactées par le vivant (mathématiques, ingénierie, sciences de l'informatique, physique, sciences sociales, etc.). »
La nécessité de mener des projets sur le long terme
Enfin, le livre blanc entend poser la question de la définition des grands projets scientifiques pour les vingt prochaines années, un enjeu majeur. Yves Lévy estime que la France n'en est pas capable à l'heure actuelle, faute de financements, de politique publique ambitieuse et « parce qu'il n'existe pas d'écoute suffisante, de soutien politique sur ces questions. »
Pour Catherine Jessus, « il faut laisser le champ libre à la prise de risque, à la recherche sur le long terme pour permettre, in fine, l'apparition de nouvelles découvertes car les innovations, les applications, peuvent jaillir de recherches non finalisées ». En témoignent les formidables avancées issues de la découverte du système CRISPR-Cas9, qui permet de cibler un gène pour le modifier : « Derrière cette découverte, il y a 20 ans de recherche », rappelle la scientifique. Il ne faut donc pas « étouffer une recherche qui pourra, demain, produire de grandes avancées », ajoute Yves Lévy.
Appel pour un soutien politique
D'après Alain Fuchs, la question qui se pose pour les années à venir est celle-ci : pourra-t-on continuer à produire une recherche de qualité ou va-t-on décrocher, faute de financements adaptés ? « Il n'existe pas de sociétés prospères sans une recherche de qualité », prévient-il.
Pour les responsables de l'INSERM et du CNRS, tout comme Catherine Jessus, « le soutien politique des chercheurs est fondamental ; ce sont les politiques qui mettent en avant les chercheurs ». Car, selon eux : « Nous sommes au commencement de ce que l'on peut découvrir, de l'infini que nous offrent les sciences ; on annonce des promesses, mais nous ne sommes qu'au début de l'histoire. »
Cet ouvrage collectif, intitulé « Étonnant vivant - Découvertes et promesses du XXIe siècle » est le fruit de la réflexion de plus d'une centaine de chercheurs.
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