Maladie de Charcot : « 2022, une année charnière pour la recherche »

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Publié le 21/06/2022
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Crédit photo : S.Toubon

« 2022 est une année charnière pour la sclérose latérale amyotrophique (SLA) », met en avant, à l'occasion de la journée mondiale de la SLA ce 21 juin, l'organisation de recherche F-Crin (French Clinical Research Infrastructure Network) et son réseau spécifique dédié à la maladie de Charcot, l'ACT4ALS-MND (Alliance on Clinical Trials for Amyotrophic Lateral Sclerosis-Motor neurone Disease).

Les essais thérapeutiques explorent de nombreuses pistes physiopathologiques, en particulier la technologie de l'ASO (Antisense Oligonucleotide). Cette technique basée sur les oligonucléotides antisens qui ont le potentiel de réduire, restaurer ou modifier l'expression de l'ARN et des protéines est plus ancienne et plus simple que celle très proche de l'ARN interférent. « Les prochains mois vont être déterminants s'ils permettent de conforter la recherche thérapeutique dans cette direction », est-il expliqué.

Et sont attendus également dans les mois à venir d'autres résultats de plusieurs études de phase 3, menées à l'échelle européenne et auxquelles le réseau ACT4ALS-MND collabore. Mis en place depuis 2020, ce dernier, qui fédère 19 centres experts de la filière maladies rares Filslan, leur permet d'être des partenaires de premier plan au sein de réseaux européens (comme Tricals).

Le riluzole, le seul traitement validé

Il existe actuellement un seul traitement dans la SLA, le riluzole, validé en 1996, qui ralentit très légèrement la progression de la maladie. « Il apparaît de plus en plus évident qu'une approche combinatoire de plusieurs traitements permettra d'avoir un impact plus pertinent pour les patients », est-il indiqué dans le communiqué. L'association de phénylbutyrate de sodium et de taurursodiol a ainsi montré des résultats prometteurs sur la progression du handicap (étude Centaur), qui sont en cours de confirmation, tout comme ceux obtenus avec l'édaravone. « Car il n'y a pas une "maladie SLA" unique mais des SLA nécessitant une approche thérapeutique ciblée, à l'instar de la thérapie génétique dans les formes causées par une mutation génétique », lit-on.

Selon le registre FraLim, il y aurait 5 000 à 6 000 patients atteints de SLA en France et près de 1 600 nouveaux cas diagnostiqués par an. C'est la maladie du motoneurone la plus fréquente chez l'adulte. Elle est caractérisée par la dégénérescence des motoneurones du cerveau et de la moelle épinière qui entraîne une paralysie motrice progressive des muscles.

Influencée par des facteurs génétiques (10 à 15 % des cas), épigénétiques et environnementaux, elle se déclare généralement chez les patients âgés de 60 à 65 ans (plus fréquemment chez les hommes que chez les femmes), qui présentent en quelques mois une perte de poids, une fonte et une paralysie musculaire progressive des membres inférieurs et supérieurs. La SLA conduit au décès par insuffisance respiratoire en seulement quelques années, voire en quelques mois.

Des pistes très diverses

Parmi les études importantes en cours du réseau ACT4ALS-MND, citons l'étude académique Fair-ALS II au CHU de Lille sur la défériprone, un chélateur du fer, afin de prévenir la perte neuronale ; l'étude Atlas (Biogen) sur le tofersen en préventif dans l'entourage d'un cas de SLA familiale ; l'étude Phoenix (Amylyx Pharmaceuticals Inc.) sur l'association phénylbutyrate de sodium/taurursodiol qui fait suite à l'étude Centaur ; l'étude Adore (Ferrer Internacional S.A.) sur l'édaravone contre le stress oxydatif des motoneurones ; ou encore une étude sur le masitinib (AB Science) en association au riluzole.

Les thérapies géniques sont aussi porteuses d'espoir pour les familles. Le premier gène causal de la SLA, le gène SOD1, a été identifié il y a bientôt 30 ans. À ce jour, une trentaine de gènes causant la maladie ont été identifiés. « Si ces formes d'origine génétique restent minoritaires, elles ouvrent la possibilité à des thérapies génétiques ciblées », lit-on. Ainsi, l'étude sur le tofersen de Biogen, qui entraîne une réduction de la protéine SOD1 dans le liquide cérébrospinal, est accessible en procédure d'autorisation précoce chez les patients atteints de SLA et porteurs d'une mutation sur SOD1.

Aux côtés des scientifiques, les associations se mobilisent en cette journée mondiale pour mieux faire connaître la SLA. Une pétition de plus de 100 000 personnes demande ainsi plus de moyens pour la recherche, l'une des plus signées de la plateforme de pétitions en ligne change.org. Et l'Arsla (Association de recherche sur la SLA) lance une campagne de sensibilisation sur un mois intitulée « éclats de juin ».


Source : lequotidiendumedecin.fr