Confinement oblige, c'est en visioconférence qu'a eu lieu ce mardi 8 décembre la remise des prix INSERM 2020. Une édition marquée par l'actualité Covid-19 et la mise en avant des métiers de support à la recherche, très sollicités en cette année de pandémie et de recherche d'urgence.
Le prix Innovation a ainsi été attribué à trois membres méconnus de l'INSERM : Frédérique Lesaulnier, déléguée à la protection des données, le Dr Hélène Espérou, responsable du Pôle recherche clinique et Jean-Christophe Hébert, directeur du département des affaires juridiques. « On a choisi de mettre en avant les fonctions "corporate" de la maison sans laquelle nous ne pourrions pas faire de science », explique le président de l'INSERM Gilles Bloch.
Les trois récipiendaires ont eu un rôle capital ces derniers mois : s'assurer de l'intégrité scientifique, réglementaire et éthique des programmes de recherche cliniques lancés en urgence contre l'épidémie de Covid-19. « Si la réglementation n'est pas respectée, on court le risque de disqualifier les résultats et de perdre la confiance des participants et du public, résume Jean-Christophe Hébert. L'urgence aurait pu nous conduire sur des chemins de traverses que nous pourrions regretter plus tard. »
Des métiers mieux considérés
Les prix reçus se veulent représentatifs d'un changement d'attitude vis-à-vis des métiers de soutien de la recherche. L'année 2020 « a été une course effrénée sur une mer démontée, mais pas une course en solitaire, estime pour sa part Frédérique Lesaulnier. En temps normal, les métiers de soutien comme les nôtres interviennent quand le projet est déjà ficelé. Là, on a pu intervenir tout au long de l'élaboration des projets. » Et le Dr Espérou d'ajouter : « Notre activité de "back-office" est parfois vue par les chercheurs comme une entrave, mais on s'est rendu compte cette année que des préoccupations comme la protection des personnes est importante à l'heure où s'installe une certaine défiance vis-à-vis de la recherche clinique ».
Le Grand prix de l'INSERM est quant à lui attribué au Pr Dominique Costagliola, directrice de recherche INSERM, directrice adjointe de l’Institut Pierre-Louis d'épidémiologie et de santé publique, et très impliquée dans la mise en place de programmes de recherche sur le Covid-19. « Écrire un projet européen de recherche en trois semaines, je n'avais encore jamais fait ça », se souvient avec amusement cette sommité de la méthodologie qui doit prendre sa retraite dans un an.
Les autres personnalités récompensées ce jour sont le Pr Florence Ader de l'hôpital de la Croix-Rousse à Lyon et le Pr France Mentré, biostatisticienne de l'unité 1 137 « infection microbienne » et responsable du département d’épidémiologie, biostatistiques et recherche clinique (DEBRC) des hôpitaux universitaires Paris-Nord-Val-de-Seine. Toutes deux sont respectivement pilote et responsable méthodologique de l'essai clinique Discovery lancé en mars 2020.
Cet essai et surtout la laborieuse mise en place de partenariats internationaux ont souligné le besoin d'une plateforme internationale de recherche et d'une harmonisation des réglementations. Fort de ces constatations, un tel dispositif va voir le jour suite à « un appel d’offres européen auquel nous avons répondu en août dernier », explique Florence Ader. Le fonctionnement s'appuiera sur le futur règlement européen en matière de recherche clinique. Ce dernier va notamment mettre en place le « clinical trial facilitation book », permettant le dépôt d'un unique dossier d'autorisation pour l'ensemble des pays européens.
Le Pr Yazdanpanah, pédagogue de l'année
Le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’Institut thématique immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie de l’INSERM et du consortium REACTing, a quant à lui reçu le prix INSERM-OPECST (Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques), récompensant un chercheur ayant œuvré à faire le lien entre le monde de la recherche et la société civile. Le jury a souhaité récompenser la forte présence du Pr Yazdanpanah dans les médias où il a fait œuvre de pédagogie auprès du grand public.
Au 31 août, REACTing n'existera plus, aspiré par une nouvelle agence de recherche sur les maladies infectieuses et le Pr Yazdanpanah quittera donc ses fonctions. « REACTing avait été créé pour préparer en temps de paix la recherche de temps de crise. Mais entre le Zika, le Chikungunya et les épidémies de peste et d'Ebola, REACTing n'a jamais connu de temps de paix », réagit le principal intéressé.
Enfin, le Pr Anthony Fauci, directeur depuis 36 ans de l’Institut américain des allergies et des maladies infectieuses qui a vaillamment tenté de conseiller le président Donald Trump au sein de la task force de la Maison Blanche sur le Covid-19, a été récompensé du prix international de l'INSERM.
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