La piste des anticorps neutralisants à large spectre (ou « bnAbs » en anglais pour broadly neutralizing antibodies), ces anticorps naturellement présents chez quelques patients (dits « elite neutralizers ») après plusieurs années, est explorée dans le VIH à la fois en traitement et en prévention, toute la difficulté étant actuellement d'arriver à couvrir la diversité génétique virale et d'empêcher la sélection de résistance.
Une équipe du Vaccine Research Center (VRC) du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) vient de mettre au point avec Sanofi un Ac neutralisant à large spectre trispécifique. Dans « Science », Ling Xu, Amarendra Pegu et. rapportent une efficacité de 100 % pour leur anticorps à triple cible chez des macaques exposés à plusieurs souches du virus simien SIV.
Cet anticorps cible trois déterminants de l'enveloppe virale - site de liaison au CD4, région proximale externe de la membrane (MPER en anglais) et le site glycanV1/V2 - à l'aide d'une combinaison associant les anticorps VRC01, PGDM1400 et 10E8v4.
Sur les 208 souches de VIH testés, seules quatre d'entre elles étaient résistantes. Alors que les singes recevant le seul Ac VRC01 étaient infectés dans 75 % des cas, ceux recevant le seul PGDM1400 dans 62 %, aucun des macaques recevant l'Ac trispécifique n'était infecté. Dans une étude concomittante publiée dans « Science Translational Medicine », l'équipe de Boris Julg montre l'efficacité en prévention chez le singe rhésus d'un cocktail de deux anticorps, PGDM1400 et PGT121.
Pour Anthony S. Fauci, directeur du NIAID : « Des associations d'anticorps se liant chacun à un site distinct sur le VIH semblent être le plus à même de dépasser les défenses du virus afin d'obtenir un traitement et une prévention efficaces avec les anticorps ». Un essai clinique de phase 1 est prévu fin 2018 chez des sujets sains, alors que se discute le lancement concomitant d'un autre essai de phase 1 chez des sujets séropositifs. Cet anticorps trispécifique capable de se lier à 3 cibles différentes pourrait servir de prototype dans d'autres maladies, notamment infectieuses, autoimmunes ou les cancers.
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