Une importante étude de cohorte, menée sur plus de 50 000 agriculteurs de Caroline du Nord et d'Iowa par les instituts nationaux de la santé (NIH), conclut « qu'aucune association n'est apparente entre le glyphosate et l'apparition de tumeurs solides ou de lymphomes ». Ces résultats publiés dans le « Journal of the National Cancer Institute » sont importants, alors que l'on approche du dénouement du feuilleton qui se joue au sein de la commission européenne en ce qui concerne un possible renouvellement de l'autorisation de commercialisation de l'herbicide commercialisé par Monsanto/Bayer.
Les 54 251 volontaires de cette étude ont été recrutés dans le cadre de l'Agricultural Health Study (AHS) entre 1993 et 1997, et ont répondu à des questionnaires entre 1999 et 2005 sur leurs niveaux d'exposition à divers pesticides. Les données épidémiologiques concernant la survenue de cancers de cette cohorte sont quant à eux disponibles jusqu'à 2012 pour les agriculteurs de Carolines du Nord et 2013 pour l'Iowa.
Un surrisque observé dans la leucémie aiguë myéloïde
Du glyphosate a été utilisé par 82,8 % des agriculteurs, qui concentrent 79,3 % des cas de cancers survenus au cours du suivi. Il n'y avait pas de lien statistiquement significatif entre l'exposition au glyphosate et la survenue de cancer, tous types confondus. Les auteurs notent toutefois, chez les utilisateurs les plus exposés, un risque de leucémie aiguë myéloïde multiplié part 2,44, comparé aux agriculteurs qui n'ont jamais été exposés.
Ce résultat n'est toutefois pas statistiquement significatif, compte tenu du faible nombre de cas (57) et « nécessite une confirmation », selon les auteurs qui rappellent que « comme tous les cancers hématologiques, les leucémies aiguës myéloïdes résultent sont le fruit d'une multitude de facteurs génétiques et environnementaux » qui sont difficiles à isoler.
Les résultats de cette étude entrent en conflit avec plusieurs autres résultats. En 2007, une méta analyse avait cependant montré un surrisque significatif de 55 % de leucémies aiguës myéloïdes chez les agriculteurs exposés aux pesticides. Selon 3 autres études cas contrôles menées par l'institut national américain du cancer, regroupant 3 417 personnes, l'augmentation du risque de lymphome non-hodgkinien est associée à l'exposition à plusieurs produits employés dans l'industrie agroalimentaire, et notamment le glyphosate.
Une étude prospective
« AHS est une étude prospective quand l'essentiel des autres travaux sont des cas contrôle, précisent les auteurs. Bien que des erreurs de classification des produits restent possibles, notre étude évite les erreurs de mémoire rétrospective car l'exposition est connue avec certitude avant la survenue des cancers. De plus nous n'avons inclus que des utilisateurs certifiés de glyphosate qui reportent avec plus d'exactitude leur utilisation des produits. »
En 2015, le centre international de recherche sur le cancer (CIRC) avait classé dans la catégorie des « cancérogènes probables », tandis que l'agence européenne des produits chimiques (ECHA) et l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avaient eux conclu au caractère non cancérigène de ce produit.
Ces résultats « ne remettent pas en cause les conclusions du CIRC », estime l'organisation de l'OMS qui précise que « les premiers résultats de l’AHS sur le sujet n’avaient pas non plus mis en évidence de lien entre le glyphosate et les lymphomes non hodgkiniens, mais ces résultats ne l’emportaient pas sur les autres études épidémiologiques, conduites dans plusieurs pays, qui montrent un tel lien. »
L'évaluation du CIRC est évoquée par les auteurs du NIH, qui rappellent qu'elle est fondée « sur des mécanismes identifiés dans des études chez l'animal et un lien entre lymphome non hodgkinien en exposition au glyphosate, mis en évidence dans certaines études épidémiologiques. »
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce