Une seule dose a permis d'arrêter les concentrés de facteurs IX

Une thérapie génique très prometteuse dans l'hémophilie B

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Publié le 07/12/2017
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hemophilie

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Crédit photo : PHANIE

Est-ce l'annonce du traitement idéal dans l'hémophilie B ? C'est ce que laisse espérer une étude américaine publiée dans « The New England Journal of Medicine » avec des résultats étonnants chez 10 hommes présentant une activité du facteur IX < 2 %. Une seule dose de thérapie génique a permis de maintenir le facteur IX à un taux suffisant (activité d'environ 30 %) pour empêcher les saignements et arrêter les concentrés de facteur IX. Aucun effet indésirable grave n'a été rapporté. Un suivi à plus long terme est nécessaire.

« Une thérapie en une fois suffisante pour prévenir les saignements sans autre intervention médicale est le traitement idéal pour les patients hémophiles, explique le Dr Lindsey George au Children's Hospital of Philadelphie et principale auteur. Les 10 patients de cette cohorte ont tous eu un bénéfice clinique prolongé sans problème de sécurité après une seule injection ». 

L'objectif premier de sécurité était concluant pour cet essai de phase I/II, aucun effet secondaire grave n'est survenu après l'injection de ce vecteur viral adéno-associé (AAV) pour un suivi en médiane de 52 semaines (28 à 78 semaines). Mais ce sont les résultats sur l'efficacité qui enthousiasment le plus les chercheurs.

Un vecteur AAV portant un facteur IX hyperfonctionnel

L'équipe avait déjà présenté des résultats préliminaires lors du dernier congrès de l'American Society of Hematology en décembre 2016. Pour leur essai, les scientifiques de Philadelphie ont utilisé un vecteur viral adéno-associé pour administrer un facteur naturel hyperfonctionnel, 8 à 10 fois plus puissant que le facteur normal. Ce facteur appelé facteur IX-Padua avait été découvert en 2009 dans une famille italienne par une équipe dont faisait partie Valder Arruda, l'un des co-auteurs de l'essai. 

Sur les 10 patients, 8 n'ont pas eu besoin d'injection de concentrés de facteur IX et 9 n'ont pas eu de saignements après l'injection du vecteur. L'activité du facteur IX dérivé du vecteur était maintenue chez l'ensemble des participants, à 33,7 +/- 18,5 % (14 à 81). Un participant, qui avait par ailleurs une arthropathie avancée à l'inclusion, a dû recevoir des concentrés de facteur IX mais a eu besoin au total de 91 % en moins de facteurs qu'avant. 

Suivi à plus long terme

Sur le plan de la tolérance, une augmentation asymptomatique des enzymes hépatiques a été observée chez 2 participants et s'est résolue après un traitement court de prednisone.

Ces résultats doivent être confirmés à plus long terme, à la fois pour la tolérance et l'efficacité, soulignent les auteurs. Les données disponibles sont rassurantes, en particulier aucun effet génotoxique pour le vecteur AAV n'a été rapporté chez l'homme depuis les premiers essais de 1998. Le design de l'étude a cherché à minimiser le risque de mutagenèse, notamment avec un vecteur ayant un fort tropisme pour le foie et le recours à de faibles doses de vecteur, 4 à 120 fois moindres que les essais en cours.

« Nous avons hâte de continuer le développement de cette thérapie en phase 3, se réjouit le Dr George. J'ai bon espoir que cette étude n'est que le début d'un changement de paradigme dans le traitement de l'hémophilie. »

Dr Irène Drogou

Source : Le Quotidien du médecin: 9625