VIH : en Afrique, les femmes plus exposées mais mieux traitées

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Publié le 11/04/2018
vih afrique

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Crédit photo : AFP

Les femmes représentent 59 % des personnes infectées par le virus du sida et Afrique subsaharienne, mais seulement 47 % des décès adultes liés au VIH. Dans le dernier numéro de « Population & Société », les chercheurs associés à l'institut national d'études démographiques (INED), Bruno Masquelier (Université de Louvain) et Georges Reniers (École d'hygiène et de médecine tropicale de Londres), expliquent ce phénomène par un âge plus précoce lors de l'infection, et une tendance plus marquée des femmes à se dépister et à accéder rapidement à un traitement.

Selon les données de 2017 de l'ONUSIDA, le nombre de décès chez les femmes de 15 ans et plus a baissé de 58 % entre 2005 et 2016 et de 43 % chez les femmes. Au cours des premières phases de l'épidémie en Afrique, les cas d'infection étaient principalement concentrés dans la population des prostituées et de leurs clients. Cette première période fut donc principalement marquée par une incidence forte chez les hommes. Le rapport entre homme et femme s'est équilibré puis inversé, à mesure que l'épidémie s'est généralisée.

Une inégalité qui se creuse à nouveau

Sur la base des enquêtes démographiques et de santé, ou « demographic and Health surveys » (DHS, réalisées dans le cadre du programme Measure DHS afin de collecter des données sur la population, la santé, le sida et l'alimentation dans les pays en développement), Bruno Masquelier et Georges Reniers ont calculé la probabilité de décéder entre 15 et 60 ans pour la Zambie, le Kenya, la Namibie et le Zimbabwe.

Les courbes obtenues dans ces 3 pays, où l'épidémie de sida a été généralisée, ont connu un pic entre 1996 et 2002. Le risque de décès entre 15 et 60 ans des femmes est inférieur à celle des hommes sur l'ensemble de la courbe, et cette différence s'est même accentuée ses dernières années alors même que la mortalité liée au sida diminuait dans les 2 sexes.

Une des explications réside dans l'âge plus jeune des femmes au moment de l'infection. En l'absence de traitement, une infection plus précoce par le VIH est en effet associée à une meilleure survie. L'autre explication réside dans l'accession plus large aux traitements, ce qui a provoqué une baisse de la mortalité surtout sensible chez les femmes. L'analyse des données des DHS montre que les femmes ont plus fréquemment accès au traitement et sont plus nombreuses à recourir au dépistage. Elles ont également tendance à commencer leur traitement plus tôt.

« Les hausses massives de la mortalité liée au sida ont donc temporairement réduit l'avantage féminin en matière de survie. Les femmes ont perdu davantage d'années d'espérance de vie à mesure que l'épidémie se développait, puis en regagner davantage à mesure que les traitements se sont généralisés », concluent les auteurs.


Source : lequotidiendumedecin.fr