APRÈS avoir subi, comme l’ensemble des professionnels de santé, un blocage total de leurs honoraires depuis 2008, les médecins libéraux allemands négociaient depuis plusieurs mois avec les caisses, via leur « Union Fédérale » (KBV), l’organisme chargé de la répartition des honoraires entre les médecins.
La KBV réclamait aux caisses une augmentation de 11 % des honoraires, soit une enveloppe de 3,5 milliards d’euros. Celle-ci devait compenser le gel des années précédentes (et l’inflation) et permettre aux médecins de faire face à l’augmentation de la morbidité liée au vieillissement de la population (1).
Las. Les négociations, déjà tendues, ont été rompues la semaine dernière par les médecins, après 20 minutes d’une ultime réunion. Le président de l’Union des caisses, Johann-Magnus von Stackelberg, n’accepte en effet qu’une augmentation de...0,9%, soit 270 millions d’euros à répartir entre les 150 000 médecins libéraux. Selon lui, les revenus des médecins ont déjà grimpé de 30 % ces dernières années grâce à l’effet « volume » malgré les honoraires bloqués. Il ajoute que si la KBV répartissait plus équitablement les enveloppes entre les spécialités, tous les médecins, notamment les généralistes, pourraient voir leur revenu progresser.
Les caisses ne lâchent pas leur « cagnotte ».
Une position de fermeté inacceptable pour la KBV dont le président, le Dr Andreas Köhler, a obtenu le soutien immédiat des 700 délégués des unions régionales, mais aussi celui de l’Ordre et de tous les syndicats. Même le ministre de la santé, Daniel Bahr, a déploré l’attitude inflexible des caisses qui disposent, rappelons-le, d’une « cagnotte » de 20 milliards d’euros et devraient engranger cette année un nouveau bénéfice d’au moins 3 milliards.
« Les caisses ne sont pas des banques », a rappelé le ministre qui ne dispose toutefois d’aucune compétence légale dans le débat tarifaire. Une nouvelle rencontre entre le Dr Köhler et M. von Stackelberg est prévue mais les médecins fourbissent leurs armes. Dans les prochains jours, ils auront tous été consultés par les unions pour savoir s’ils décident de se lancer dans des grèves et des fermetures de cabinets fin septembre. En attendant, ils cesseront dès aujourd’hui d’envoyer des documents administratifs aux caisses, réduiront certaines activités et effectueront des grèves du zèle.
Bras de fer.
Pour le Dr Köhler, la crise actuelle n’est rien moins qu’une « remise en cause de toute la médecine libérale allemande ». Les caisses estiment pour leur part que « ce système de négociations a vécu ».
Les dernières grandes grèves de médecins remontent à 2006. Elles s’opposaient, à l’époque, à la politique de rigueur du gouvernement social-démocrate, menée justement avec le soutien des caisses. Après des mois de grèves et de manifestations, les médecins avaient obtenu le desserrement de leurs enveloppes globales. Le nouveau bras de fer pourrait durer plusieurs mois mais son issue reste très indécise.
(1) Particulièrement complexe, le mode de calcul des honoraires associe des « points » tarifaires à des enveloppes dont le montant est calculé notamment en fonction des pathologies traitées par les médecins et de leur nombre de patients.
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