DE NOTRE CORRESPONDANT
LES COUPES BUDGÉTAIRES qui frappent le secteur de la santé en Espagne provoquent des polémiques en cascade. Dernière en date : la suppression des droits à la santé des étrangers.
Suite à un décret d’avril dernier, l’accès de 900 000 étrangers (dont 150 000 immigrés sans papiers) aux médecins de la Sécurité sociale a été supprimé le 1er septembre. L’objectif du gouvernement est de mettre un terme au « tourisme de santé » que pratiqueraient des ressortissants européens lors de séjours temporaires en Espagne mais aussi de « lutter contre l’immigration illégale (...)». Jusqu’à maintenant, les immigrés sans papiers avaient juste besoin de déclarer leur lieu de résidence à la mairie correspondante pour être pris en charge médicalement.
Médecins et infirmières affirment le droit de soigner.
Mais en pleine récession, l’Espagne qui tente d’éviter un plan de sauvetage global de son économie, renforce encore les mesures d’austérité dans le domaine de la santé. Les coupes sombres ont déjà touché la rémunération des médecins et des infirmières, la durée de leur journée de travail, et elles ont entraîné la fermeture de plusieurs hôpitaux publics jugés non rentables sur l’ensemble du territoire.
La coupe est pleine. Les nouvelles mesures de redressement sur la santé, notamment pour les immigrés sans papiers, se heurtent à l’opposition des professionnels concernés. C’est le cas du Dr Alvaro Gonzalez, spécialiste de médecine interne à l’hôpital de la ville d’Oviedo (dans les Asturies), président de Médecins du Monde Espagne, qui a coordonné une campagne intitulée « Le droit de soigner ». La vidéo montre un groupe de médecins et d’infirmiers qui lèvent la main droite et scandent : « Je jure que, pendant cette période de crise financière, j’oublierai un peu les valeurs éthiques et morales de ma profession ». Puis le spectateur remarque qu’ils croisent les doigts de la main gauche en prononçant ces mots : « nous jurons que ce que nous avons dit avant, nous ne le ferons jamais ». Pour Alvaro Gonzalez, « faire des différences entre différents types de patients peut augmenter le nombre des visites aux urgences et celui des hospitalisations. Le diagnostic est retardé, et à moyen terme les dépenses augmentent ».
Cacophonie.
Des ONG qui luttent contre le SIDA ont dénoncé cette exclusion des immigrés sans papiers du système public de santé, arguant que cette mesure « suppose la création d’un système de santé parallèle ». Au milieu de cette cacophonie, plusieurs gouvernements régionaux et non des moindres (l’Andalousie et le Pays basque) ont déclaré qu’ils...n’appliqueraient pas cette mesure contre les immigrés sans papiers. Même la Galice, dont le gouvernement est tenu par le Parti Populaire au pouvoir à Madrid, a annoncé qu’il maintiendrait aux quelque 9 500 immigrants sans papiers de la région leur droits d’accès au système de santé de la Sécurité Sociale.
Le ministère de la Santé, par la voix d’un de ses directeurs généraux, Agustin Rivero, a expliqué que tout le monde sera soigné…mais que « la gratuité du service ne sera plus générale ». La polémique continue.
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