LE QUOTIDIEN – Le gouvernement planche depuis des semaines sur des mesures pour valoriser la filière universitaire de médecine générale, en sous-effectif chronique. Quelles dispositions avez-vous retenu ?
LAURENT WAUQUIEZ - Nous avons procédé à une première étape avec Xavier Bertrand en augmentant le numerus clausus. Tout ceci n’a de sens que si nous continuons à faire grandir et à valoriser la filière universitaire de la discipline. Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt, il y a des défis à relever. Nous sommes face à des enjeux majeurs que sont le vieillissement, le renouvellement démographique et la désertification. La médecine générale est confrontée à la stagnation des effectifs de professeurs, de maîtres de conférences associés et de chefs de cliniques. Nous allons lancer un train de mesures pour poursuivre la valorisation de cette filière universitaire. Nous allons ouvrir 20 postes de maîtres de conférence associés supplémentaires en 2012. En plus, et de façon exceptionnelle malgré un contexte budgétaire difficile, nous ajouterons cette année 8 postes de maîtres de conférence associés au contingent 2011. Tous les candidats à ces postes ont suivi ou suivront la procédure habituelle de validation par le conseil national des universités (CNU), ce qui garantit leur qualité d’enseignant et leurs tâches d’encadrement des internes.
Certains chefs de clinique qui arrivent au terme de leur cursus s’inquiètent de manquer de perspectives professionnelles d’ici à la fin de l’année. Allez-vous leur offrir un statut universitaire ?
Oui. Ces chefs de clinique de médecine générale vont terminer leur clinicat de 4 ans en novembre 2012. Ils ont un exercice de médecine générale à mi-temps et il leur est plus difficile que pour les autres spécialités de se constituer un parcours d’enseignement et de recherche. Il est normal de leur donner la possibilité de dégager du temps. Nous allons mettre en place un dispositif provisoire pour une dizaine d’entre eux, qui ne sont pas éligibles pour concourir à un poste statutaire. Je communiquerai cette décision par courrier à chaque doyen concerné, dès la semaine prochaine. Nous réfléchissons également à un statut transitoire de « praticien généraliste universitaire », qui leur permettrait de se concentrer à plein-temps sur leurs travaux universitaires (recherche, articles, thèses d’université). Ce statut serait très proche de ce qui existe pour les praticiens hospitalo-universitaires des autres disciplines. Il leur permettra de poursuivre leur activité de chef de clinique et de compléter leur dossier pour une présentation devant le CNU.
Comment renforcer l’enseignement de la médecine générale hors des facultés ?
En lien étroit avec Xavier Bertrand, nous allons lancer un appel d’offres national pour recruter des chefs de clinique en médecine générale dans le cadre des maisons universitaires de santé. L’objectif est de tisser des liens entre l’UFR de médecine et des maisons de santé. Des projets innovants pourront être proposés par des professionnels en lien avec les agences régionales de santé. Nous souhaitons que ce dispositif soit opérationnel à la prochaine rentrée universitaire. Ces maisons pourront accueillir des internes en formation. Nous voulons également améliorer la visibilité de la médecine générale au sein de la section au CNU qui évalue les dossiers universitaires. Lors du prochain renouvellement, nous nommerons donc un médecin généraliste dans la sous-section de « médecine interne-gériatrie ».
Parviendrez-vous à recruter 7 000 maîtres de stages en médecine générale d’ici à la fin de l’année, comme vous le souhaitiez ?
Nous pouvons y arriver, bien sûr. Si les médecins ont déjà des vies professionnelles plus que remplies, je suis convaincu que l’intérêt général peut primer. La République a besoin du transfert de son savoir et de sa passion, et je suis optimiste sur le fait que la profession peut se mobiliser pour répondre présent. C’est en misant sur ses forces et en la tirant vers le haut avec ce modèle universitaire que nous pourrons conforter la médecine générale en France. Et pour cela, nous allons nous retrousser les manches.
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