APRÈS des débuts chaotiques et des errements stratégiques, le dossier médical personnel semble en mesure de prendre enfin son envol, comme en témoigne le nombre de créations, même si les professionnels de santé ne paraissent toujours pas convaincus de son utilité dans sa configuration actuelle.
Le nombre de dossiers effectivement créés se situe aujourd’hui aux alentours de 160 000, dont 65 % à l’hôpital et 35 % en ville. Une répartition « normale » selon Jean-Yves Robin, directeur de l’ASIP Santé (l’Agence chargée de son déploiement), qui souligne que 33 établissements ont signé récemment un appel à projets pour développer le DMP, ce qui explique le nombre de dossiers créés dans les hôpitaux.
Des appels à projets territoriaux devraient être prochainement lancés, qui devraient muscler la dynamique et inciter les professionnels libéraux à se lancer dans l’aventure. Le patron de l’ASIP espère atteindre 300 000 DMP créés d’ici à la fin de l’année et...franchir le million courant ou fin 2013.
Carte CPS et messagerie sécurisée.
« Aujourd’hui, les deux tiers des DMP contiennent déjà au moins un document, c’est bon signe », précise Jean-Yves Robin qui veut croire au décollage. Le directeur de l’ASIP a plusieurs autres dossiers sur la table, liés au DMP, au premier rang desquels la nouvelle carte de professionnel de santé (CPS), dont la version 3 est en cours de livraison. L’enjeu est double : l’accès au DMP avec une sécurité renforcée (plus de code d’accès ni d’identifiant à usage unique); et la possibilité d’accéder à la nouvelle messagerie sécurisée que lance l’ASIP début 2013. Cette messagerie aura l’avantage de permettre à tous les professionnels de santé disposant d’une CPS d’échanger de manière sécurisée de l’écrit comme des images. Elle se connectera directement au dossier médical pour y ajouter des informations concernant le patient.
Course aux chiffres.
Côté syndicats, on est moins optimistes qu’à l’ASIP. Le Dr Claude Leicher, président de MG France souligne « l’erreur conceptuelle du DMP d’être hébergé hors de l’ordinateur du médecin traitant », générant selon lui des problèmes de connexion et le rendant difficilement utilisable en consultation. En revanche il salue le lancement de la messagerie sécurisée de l’ASIP qui permettra de faire circuler le volet médical de synthèse (VMS) élaboré par le médecin traitant et prévu dans la nouvelle convention dans le cadre du paiement sur objectifs (voir ci-dessous).
Pour Claude Leicher, ce VMS est même « l’élément qui augmentera la qualité des soins entre les médecins ». Dans la même veine, le Dr Michel Chassang, président de la CSMF, dénonce l’illusion de « la course au chiffre » qui consiste à créer dans les hôpitaux un grand nombre de DMP comme « autant de coquilles vides ». Il plaide lui aussi pour un DMP revenu aux sources, c’est-à-dire au volet médical de synthèse élaboré par le médecin traitant, et enrichi par les apports extérieurs. « En un an, les généralistes sont capables de créer des millions de DMP, affirme le Dr Chassang, pour peu que les logiciels métier fonctionnent ».
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