Bilan de la grippe 2022-2023 : une épidémie longue et sévère avec une couverture vaccinale toujours insuffisante

Par
Publié le 11/05/2023
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : PHANIE

L'épidémie de grippe 2022-2023 fut particulièrement précoce, longue et sévère, analyse Santé publique France (SPF) dans un bilan préliminaire, publié ce 11 mai.

L'épidémie a en effet touché la métropole pendant 19 semaines (versus 11 semaines en moyenne), de fin novembre 2022 à fin mars 2023, en deux vagues, la première portée par les virus de type A(H3N2), majoritaire jusqu'en janvier, puis la seconde marquée par une prédominance des virus B/Victoria. Elle s'est aussi montrée atypique dans les départements et régions d'outre-mer (Drom).

Les 15-64 ans particulièrement touchés

L'impact de la grippe est contrasté en médecine de ville, en métropole. Le réseau sentinelles recense 2,1 millions de consultations pour syndrome grippal, soit une activité modérée - avec une intensification fin décembre, concernant en particulier les 5 -14 ans. De son côté, SOS Médecins rapporte une très forte intensité, avec une part de syndromes grippaux parmi les consultations qui a grimpé jusqu'à 25 % lors du pic épidémique (25-64 ans). Cette différence s'explique, selon SPF, par le contexte des congés, qui a pu favoriser un moindre recours aux soins en médecine générale, mais non à SOS Médecins.

L'impact à l'hôpital fut, lui, beaucoup plus net, surtout pendant la première vague (fin décembre). Ont été ainsi enregistrés plus de 110 000 passages aux urgences pour grippe ou syndrome grippal, (44 % concernaient les 15-64 ans, traditionnellement épargnés), dont 15 000 ont donné lieu à des hospitalisations (23 % concernaient les 15-64 ans). Soit 14 % des passages aux urgences pour grippe, ce qui est bien supérieur à la proportion observée depuis 2014, et « qui indique une part importante de formes sévères de grippe », lit-on.

Couverture vaccinale inférieure à celle de 2021-2022

L'impact sur la mortalité est modéré à élevé, la grippe figurant dans 1 % des décès déclarés en métropole lors de la saison 2022-2023, et jusqu'à 4,5 % lors du pic - ce qui est supérieur à ce qui est habituellement observé (exception faite de 2018-2019), et pourrait être lié à la prédominance des virus A(H3N2). Les régions ayant rapporté les parts de décès liés à la grippe les plus élevées sont : la Normandie (1,5 %), l’Île-de-France (1,3 %), la Corse (1,3 %) et les Hauts-de-France (1,2 %).

Malgré une globale adéquation des virus circulants avec les souches vaccinales, la couverture vaccinale a été légèrement inférieure à celle de 2021-2022, avec 51,5 % des personnes à risque ciblées vaccinées (versus 52,6 % l'an dernier), 56,2 % chez les 65 ans et plus (versus 56,8 %) et 31,6 % chez les moins de 65 ans (versus 34,3 %). Des proportions toujours insuffisantes au regard de l’objectif fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à 75 % chez les personnes à risque.

Et SPF de rappeler l'importance de la vaccination et des gestes barrières, soulignant que la co-circulation de la grippe avec le virus respiratoire syncytial responsable de la bronchiolite du nourrisson puis le Sars-CoV-2 cet hiver a particulièrement pesé sur l'offre de soins. 


Source : lequotidiendumedecin.fr