Covid-19 : il faut poursuivre les dons de sang, mais reporter les greffes d'organes et transplantations de microbiote fécal non-urgentes

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Publié le 20/03/2020

Crédit photo : Afp

La collecte de sang et de plaquettes « doit absolument se poursuivre » même en temps de confinement, exhorte l'Établissement français du sang (EFS). Les réserves actuelles en globules rouges sont de moins de 15 jours et en plaquettes de moins de 3 jours, est-il précisé.

Aussi l'EFS continue d'accueillir les donneurs, autorisés à se déplacer sur les sites de collecte, sous réserve qu’ils remplissent l’attestation officielle ou une déclaration sur l’honneur indiquant aller donner leur sang, au motif de l’assistance aux personnes vulnérables. Toutes les mesures de précaution sont prises pour protéger donneurs et personnels de collecte : respect du mètre de sécurité entre personnes, masques, rappel des gestes barrières, etc. « Le coronavirus SARS-CoV-2 est un virus respiratoire qui n'est pas présent dans le sang sauf en cas de symptômes très sévères de la maladie, selon l'état actuel des connaissances sur ce virus », rappelle l'EFS.

Ajournement de 28 jours quand contact avec le Covid-19

En toute cohérence, aucun don n'est autorisé en cas de symptômes grippaux ou de Covid-19. Par ailleurs, le Haut conseil de santé publique (HCSP) recommande au stade 3 de l'épidémie d'exclure des dons de sang pendant 28 jours, les personnes ayant été au contact d’un cas de Covid-19, et celles ayant présenté la maladie (avec ou sans symptômes).

L'interrogatoire pré-don est renforcé, avec recherche de signes, même minimes, évocateurs d’une infection respiratoire et recherche de cas de Covid-19 dans l’entourage. Il n’est pas indiqué de rechercher le virus par diagnostic génomique viral, mesure irréalisable en pratique, ajoute le HCSP. Pour rappel, les globules rouges se conservent au maximum 42 jours et les plaquettes sept jours.

Différer les greffes non urgentes

Quant aux prélèvements et greffes d'organes, le HCSP distingue deux situations. Lorsque la greffe peut être différée, il est recommandé d'en repousser la date après le pic épidémique. Il est aussi recommandé de différer les transplantations rénales à partir de donneur vivant. « Le risque du receveur à être infecté dépasse le bénéfice de la transplantation », précise l'Agence de la biomédecine, qui relaie aussi ces recommandations.

Lorsque la greffe est urgente, que son report constituerait une perte de chance pour le receveur, notamment parce qu’elle concerne un organe vital (cœur, foie, poumon…) ou qu’un donneur rare a été identifié, il est en revanche recommandé de poursuivre le programme de prélèvement et transplantation.

Dans ce cas, la réalisation du prélèvement et de la greffe d’organes ou de tissus doit être effectuée selon les recommandations en stade 3 précisées par l’avis du 13 mars 2020 du HCSP complétant les avis des 7 et 24 février 2020 relatifs aux mesures de prévention pour la greffe.

Tous les donneurs d'organes (mais aussi de cellules souches hématopoïétiques) sont questionnés sur un éventuel contact dans les 28 jours avec un patient infecté. Ils sont aussi testés systématiquement afin de s’assurer de l’absence de risque de transmission. Le prélèvement recommandé est un écouvillonnage naso-pharyngé. Un prélèvement sur plasma ou sang total peut être associé mais n’est pas indispensable. L’absence de recherche de génome de SARS-CoV-2 ne doit pas contre-indiquer une greffe dont dépend le pronostic vital du receveur. Sauf exception : la greffe de poumon, qui doit en outre être interrompue si le résultat par RT-PCR du donneur est positif.

Restriction des transplantations de microbiote fécal

Enfin, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) annonce des restrictions sur les activités de transplantations de microbiote fécal. « Il est actuellement avéré que le SARS-CoV-2 peut être retrouvé dans les selles, et qu’il se réplique dans le tube digestif », affirme l'ANSM, précisant que des incertitudes demeurent sur le caractère infectieux du virus détecté dans les selles.

Par mesure de précaution, l'ANSM demande la suspension des collectes de selles destinées aux transplantations et la mise en quarantaine des collectes réalisées depuis le 30 janvier. Pour un patient présentant des critères de gravité clinique sans alternative thérapeutique, une transplantation urgente peut néanmoins être réalisée en utilisant les stocks préparés avec des dons collectés avant le 30 janvier 2020.

Enfin, l'Agence demande aux donneurs de selles ayant réalisé un don depuis le 30 janvier dernier de contacter le centre de collecte en cas d'apparition de fièvre associée à une difficulté respiratoire dans les 14 jours suivant le don.


Source : lequotidiendumedecin.fr