Covid-19 : une étude de Santé publique France plaide pour l'innocence des enfants de moins de trois ans dans la transmission du virus

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Publié le 25/09/2020
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Crédit photo : AFP

Les enfants de moins de trois ans ne participeraient pas à la diffusion du SARS-CoV-2, suggère une petite étude rétrospective publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » de Santé publique France du 24 septembre.

Du 29 mai au 2 juillet dernier, l'équipe de Pauline Penot et al. a retracé la circulation du virus pendant le confinement dans deux populations : 47 soignants hospitaliers de Seine-Saint-Denis (exerçant à l'hôpital André-Grégoire de Montreuil et à l'hôpital Robert-Ballanger d'Aulnay-sous-Bois), réquisitionnés pour prendre en charge des patients Covid +, et 44 professionnels de la petite enfance qui se sont occupés des enfants de ces derniers, dans les crèches hospitalières. Tous ont été soumis à un questionnaire et un prélèvement sanguin pour analyse sérologique.

Leur hypothèse de départ était que les enfants des soignants, ces derniers ayant une probabilité élevée de contracter le virus (taux d'attaque estimé à 30 %), ne transmettraient pas le virus de leurs parents. Par conséquent, les auteures s'attendaient à ce que le taux d'attaque parmi le personnel des deux crèches hospitalières soit moindre.

Non sans surprise, moins de cas chez les soignants

C'est toutefois au sein du personnel de la crèche que le taux d'attaque a été le plus élevé, à hauteur de 17,4 % (huit cas), versus 11,5 % chez les soignants (six cas).

Cela conforte encore plus l'hypothèse selon laquelle les enfants de moins de trois ans ne transmettraient pas le nouveau coronavirus, puisque les infections semblent s'être faites entre collègues sur les lieux de travail, notamment dans les salles de repos, souvent de petite taille et mal aérées.

Ainsi, la crèche de Montreuil a connu une épidémie, avec cinq cas (et un taux d'attaque de 41,7 %). « Cette épidémie ne s'est répercutée ni sur les parents inclus dans l'étude, ni sur la population, plus large, de l'ensemble des parents dont les enfants avaient été confiés à cette crèche sur la période d'étude », lit-on. Quant aux trois cas identifiés dans la crèche d'Aulnay-sous-bois, ils ont concerné des professionnelles qui ne se sont pas occupées d'enfants dont les parents étaient positifs. Inversement, le personnel de la crèche d'Aulnay qui a gardé les enfants des trois soignants positifs a été testé séronégatif.

Efficacité des mesures dans les unités de soins

« Le taux d'attaque relativement faible observé dans la population de soignants exposés au Covid est cohérent avec la séroprévalence globale observée parmi le personnel testé dans ces deux hôpitaux (13 % à Aulnay et 14,8 % à Montreuil en juin), et reflète l'efficacité des mesures barrières appliquées dans les unités de soins au contact des patients », commentent les auteures.

Si l'étude porte sur de petits échantillons, ses résultats sont cohérents avec d'autres travaux, notamment une enquête réalisée en Finlande en février 2020 autour d'une enfant testée positive et qui n'a mis en évidence aucun cas secondaire à l'école ou dans son club de sport, ou les données islandaises colligées en mars qui montrent qu'aucun des 848 enfants de moins de dix ans n'était positif au test RT-PCR. Les auteures insistent néanmoins sur l'importance de conduire des enquêtes plus larges pour préciser la place des moins de cinq ans dans les chaînes de transmission.


Source : lequotidiendumedecin.fr