Au cours des deux ans suivant l'infection, la très grande majorité des patients (90 %) souffrant de Covid long connaissent une amélioration lente de leurs symptômes ; la rémission est rapide pour 4 %, tandis qu'une autre minorité (5 %) souffre de symptômes importants et persistants, met en lumière une étude réalisée grâce à ComPaRe, la Communauté de Patients pour la Recherche de l’AP-HP. L'identification de ces trois trajectoires d'évolution du Covid long, qui toucherait une personne sur 10 infectées par le Sars-CoV-2, est publiée dans la revue « International Journal of Infectious Diseases ».
Quelque 2 197 patients souffrant de Covid long ont été inclus entre décembre 2020 et juillet 2022 (avant la prédominance d'Omicron) dans cette étude réalisée par le Dr Viet-Thi Tran, épidémiologiste et co-investigateur de ComPaRe. « C'est la première étude à décrire l'histoire naturelle du Covid long, en tenant compte de l'hétérogénéité des patients et de leurs présentations cliniques », souligne l'AP-HP.
Les chercheurs ont retenu, comme critère du « Covid long » (en s'inspirant de la définition de l'Organisation mondiale de la santé), un ou plusieurs symptômes parmi 53, se déclarant dans les trois mois après l'infection (confirmée ou non en laboratoire) et persistant au moins deux mois. Les participants devaient remplir un questionnaire auto-administré tous les deux mois. Leur âge moyen est 46 ans, 79 % des répondants sont des femmes.
Trois groupes homogènes
Les 4 % de patients présentant une amélioration rapide de leurs symptômes (rémission complète dans les deux ans) sont, par rapport aux autres patients, plus jeunes et n'ont pas d’antécédent de maladie fonctionnelle (fatigue chronique, fibromyalgie, etc.). Ils présentent plus fréquemment des douleurs cervicales, dorsales et lombaires et des symptômes digestifs (diarrhée) lors de leur maladie aiguë.
Les 5 % de patients souffrant de symptômes persistants et importants sont à l'inverse, plus âgés, fumeurs, et avec un antécédent de maladie auto-immune. Lors de la phase aiguë de leur Covid, ils avaient plus fréquemment des symptômes tels que tachycardie, bradycardie, palpitations, arythmies, bouffées de chaleur, sueurs et intolérance au froid et au chaud.
Les 91 % patients restants avaient une amélioration lente de leurs symptômes au cours du temps : le nombre de symptômes rapportés était réduit en moyenne d’environ 25 % dans les 2 ans. Ce profil de patients présentait plus souvent des pathologies fonctionnelles.
Ces résultats devraient permettre de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents du Covid long, en faisant l’hypothèse que différents mécanismes à l’origine des symptômes donnent lieu à des évolutions différentes de la maladie. Ils devraient ainsi contribuer à informer les patients sur l'évolution et à mieux estimer les besoins du système de santé pour répondre au défi du Covid long.
12 symptômes pour définir un Covid long à six mois, selon les NIH
Une étude américaine portée par les NIH et publiée ce 25 mai dans le « Jama » propose de définir le Covid long à partir d'un score prenant en compte 12 symptômes. Les chercheurs ont analysé les données de 9 764 adultes de la cohorte Recover (dont 8 646 avaient eu le Covid). Quelque 37 symptômes étaient 1,5 fois plus retrouvés chez les patients positifs au Covid, six mois ou plus après l'infection. Les chercheurs ont ensuite identifié 12 symptômes particulièrement significatifs de Covid long : malaise post-exercice, fatigue, brouillard cérébral, vertiges, symptômes gastro-intestinaux, palpitations, modifications du désir ou de la capacité sexuelle, perte ou modification de l'odorat ou du goût, soif, toux chronique, douleurs thoraciques et mouvements anormaux. Sur la base de ce score, 10 % des participants présentaient un Covid long six mois après une infection par Omicron, une proportion qui s'élevait à 35 % avant Omicron. La proportion de positivité du score était plus faible chez les participants entièrement vaccinés que chez les participants non vaccinés.
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