Après un appel à la mobilisation le 31 mai, l’Établissement français du sang (EFS) lance une campagne du 9 juin au 9 juillet en vue d'augmenter les réserves de sang avant l'été, et alors que les stocks sont actuellement trop bas. Une forte mobilisation des donneurs est attendue.
« Nous sommes relativement inquiets, car les réserves de sang ont atteint un niveau préoccupant proche des 80 000 stocks de CGR [concentrés de globules rouges, N.D.L.R.], avec des tensions très fortes sur certains groupes, notamment le O et le B, a déclaré François Toujas, président de l’EFS. Il ne faut pas en arriver à déprogrammer des opérations chirurgicales non urgentes. » L'objectif de la campagne est de collecter 40 000 dons supplémentaires en un mois pour atteindre à la mi-juillet un stock suffisant pour les grandes vacances (soit 120 000 poches).
Rattrapage d'interventions déprogrammées
« Les stocks sont aussi faibles pour une très bonne raison : le niveau de cession est particulièrement élevé, puisque nous avons dû céder la semaine dernière environ 48 000 produits sanguins, ce qui est quasiment un record. Cela signifie sûrement que l'on est en plein rattrapage de beaucoup d'interventions qui ont dû être reportées pendant les périodes de confinement », souligne François Toujas, évoquant l'année « extrêmement particulière » qui s'est écoulée avec le Covid.
Les confinements ont fortement perturbé l'offre de la collecte mobile de l'EFS du fait de la fermeture des écoles, universités et entreprises, qui a obligé l'EFS à trouver de nouveaux lieux. Les périodes de déconfinement ont aussi été moins propices au don. Néanmoins, grâce à la réorganisation des collectes et la mobilisation des donneurs, une très légère baisse des dons a été enregistrée sur la totalité de l'année 2020 par rapport aux années précédentes. « Pas une poche de sang n'a manqué dans un service », précise François Toujas.
Par ailleurs, plus récemment, « la circulation de fake news a aussi pu impacter la collecte, note-t-il. Je le rappelle, le don de sang est possible sans délai après la vaccination contre le Covid et si l'on n'est pas vacciné ».
Modernisation de l'EFS
Au-delà de ces perturbations, cette période complexe a permis d'accélérer la transformation de l'EFS, avec notamment la prise de rendez-vous qui s'est généralisée depuis le premier confinement. « Plus de 500 000 rendez-vous ont été pris depuis le début de l'année, et l'année dernière, 800 000 dons de sang ont été pris par rendez-vous », rapporte le président de l'établissement. Des tests d'éligibilité sont également en ligne pour les donneurs.
Et la modernisation de la collecte continue. « Il y a quelques années, j'ai généralisé la possibilité pour les infirmiers de mener l'entretien prédon. Cette réforme fondamentale de la collecte se poursuit puisque nous sommes en train de déployer sur la totalité de la France des expérimentations permettant de faire de la téléassistance médicale en collecte », avance François Toujas.
22 % de premiers dons pendant le premier confinement
Selon un sondage mené avec l'Observatoire de l'expérience donneurs en mars 2021, la crise sanitaire a été pour les donneurs un déclencheur supplémentaire du don. Pour 22 % des personnes qui ont donné pendant le premier confinement, il s'agissait d'un premier don, note le président de l'EFS. « Ce taux de premier don pendant le premier confinement monte à 30 % pour les 19-24 ans », souligne-t-il, ajoutant que le sondage montre que globalement, la crise a très peu influencé les intentions de donner à l'avenir.
La troisième édition de l'opération « Prenez le relais, un mois pour TOUS donner », qui s'organise autour de la journée mondiale des donneurs de sang du 14 juin, va mobiliser 6 000 collectes dans toute la France. « Nous attendons 300 000 donneurs sur l'ensemble de nos collectes », espère François Toujas.
Si les jeunes de moins de 30 ans sont d'ores et déjà fortement mobilisés, représentant 30 % des donneurs, l'EFS souhaite mettre un accent particulier sur cette population. « La jeune génération est un public très important pour nous car ce sont les donneurs d'aujourd'hui mais surtout les donneurs fidélisés de demain. Nous devons donc être attentifs aux valeurs et attitudes des jeunes et nous adapter à leurs attentes spécifiques », poursuit son président. C'est dans cette optique qu'a été créé l'EFS Social Lab, un espace de réflexion. « Il réunit divers spécialistes, notamment des sciences humaines et sociales, et étudie les attentes spécifiques de différentes populations, en particulier des jeunes, vis-à-vis de l'établissement », présente François Toujas. L’EFS Social Lab formule également des recommandations en vue « d’enrichir le programme Innovadon, qui vise à inventer une nouvelle expérience pour les donneurs, à les fidéliser et à en recruter de nouveaux », lit-on sur le site de l'EFS.
Dans le cadre de la campagne de mobilisation, un spot télévisé sera notamment diffusé durant tout le mois (cf. ci-dessous).
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