Un médecin de garde passé à tabac à Naples par la famille d’un patient pour protester contre les files d’attente, cinq autres praticiens agressés à coups de couteau par un migrant dans la même ville ; une praticienne à moitié étranglée à Rome ; une équipe de paramédicaux agressée par un patient armé d'un katana, le sabre des samouraï japonais, à Bari… La fédération des centres de sécurité italiens et des hôpitaux Fiaso affirment que plus de 3 000 incidents ont été rapportés l’an dernier, soit trois fois plus qu'en France. Et seulement 10 % du personnel hospitalier transalpin agressé a porté plainte le jour suivant.
« Daspo » médical
Face à cette montée exponentielle de la violence contre les opérateurs de santé, le gouvernement a adopté un dispositif interdisant l’accès aux centres sanitaires et sociaux aux agresseurs. Inséré dans le décret-loi sur la sécurité et l’immigration du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, entériné jeudi dernier, cette mesure restrictive s’inspire du « daspo », le système mis en place pour endiguer la violence dans les stades. Mais si en ce qui concerne le milieu sportif, la durée de l’exil des « tifosi » agressifs dépend de la gravité des actes commis, aucune indication n’a été donnée en termes de temps au niveau du « daspo » médical.
La Constitution italienne garantissant le droit à la santé pour tous, cette mesure risque d’être rapidement contestée devant les tribunaux, comme l’affirme la communauté médicale déjà sur le pied de guerre. « Nous ne pouvons pas trahir la Constitution qui garantit le droit à la santé pour tous les citoyens et nous ne voulons pas trahir notre code de déontologie qui nous oblige à soigner les personnes ayant besoin d’aide », affirme Filippo Anelli, président de FnomCeo, la fédération nationale des ordres des médecins italiens. Il a aussi demandé au gouvernement « d’éclaircir au plus vite le sens de cette nouvelle norme » alors que la ministre de la Santé Giulia Grillo du Mouvement 5 étoiles annonce un renforcement du dispositif des peines contre les agresseurs avec une augmentation du montant des amendes et des éventuelles condamnations à la réclusion.
Le non de la Toscane
« Il faut trouver des solutions tenant compte du droit à la santé pour tous garanti par la Constitution et de la sécurité du corps médical, cette dérive de la violence est un problème social important. Interdire l’accès aux hôpitaux n’est pas une solution », affirme pour sa part Pierluigi Marini, président de Acoi, la fédération nationale des chirurgiens hospitaliers. Tandis que quelques régions applaudissent le dispositif gouvernemental, la Toscane s'est alignée sur les médecins et a affirmé que la norme ne sera pas appliquée dans les hôpitaux situés sur cette partie du territoire.
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