En Ukraine, au moins un hôpital ciblé par une attaque, s’inquiète l’OMS

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Publié le 02/03/2022
Hopital de Lviv, Ukraine

Hopital de Lviv, Ukraine
Crédit photo : AFP

En Ukraine, des hôpitaux et des installations sanitaires seraient pris pour cible au cours de l’invasion russe, s’inquiète l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Nous sommes profondément préoccupés par les signalements d'attaques contre des hôpitaux et des installations sanitaires », a indiqué Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’organisation, lors d’un point presse en ligne ce 2 mars.

Selon lui, au moins une attaque contre un hôpital la semaine dernière a été confirmée, faisant 4 morts et 10 blessés, dont 6 soignants. Des vérifications sont en cours pour confirmer d’autres attaques. « Le caractère sacré et la neutralité des soins de santé, y compris des travailleurs de la santé, des fournitures, du transport et des installations pour les patients, ainsi que le droit à un accès sûr aux soins doivent être respectés et protégés », a insisté le patron de l’OMS.

L'urgence d'un « corridor humanitaire »

L’organisation a renouvelé son appel à la mise en place rapide d’un « corridor humanitaire ». La priorité est d’assurer l’approvisionnement du pays en oxygène, alors que trois usines de production du pays sont à l’arrêt. L’OMS craint notamment une reprise de l’épidémie de Covid-19, liée au mouvement de population* et au confinement collectif dans des abris souterrains.

Les pénuries concernent également des traitements et matériels essentiels, comme l’insuline ou des équipements de réa. Une première livraison par l’OMS de 36 tonnes de matériel médical doit arriver le 3 mars en Pologne. D’autres suivront. L’instance onusienne a déjà débloqué 5,2 millions de dollars pour l’aide d’urgence et estime à 45 millions de dollars les besoins pour les trois mois à venir.

Le défi sera ensuite « l’acheminement jusqu’aux zones les plus vulnérables », a précisé le Dr Jarno Habicht, chef du bureau de l’OMS en Ukraine. « Les besoins varient d’un hôpital à l’autre », a-t-il poursuivi. La priorité porte sur la prise en charge des traumatismes et blessures. « On n’a plus le temps de gérer les maladies chroniques », a-t-il ajouté. L’OMS travaille également à la mise en place d’un « système de suivi des pénuries les plus aiguës », a également indiqué la Dr Adelheid Marschang, coordinatrice de l’unité « urgence et crise » de l’OMS.

La vie d'un hôpital rythmée par les raids aériens

Dans un communiqué, l’organisation donne à voir la réalité du conflit sur le fonctionnement d’un hôpital de l’ouest du pays à Novovolynsk, où les patients sont déplacés dans un abri souterrain à chaque sirène signalant un raid aérien. « En une journée, les sirènes des raids aériens se sont déclenchées à cinq moments distincts. Nos patients sont pour la plupart des personnes âgées et certains sont sur des béquilles et font face à des besoins de santé aigus. Ils ne peuvent pas continuer à descendre jusqu'au bunker », raconte Oleh Shypelyk, directeur de l'hôpital.

Les soignants se préparent également à être la cible des attaques. « Chaque bâtiment hospitalier est équipé d'un groupe électrogène pour assurer un approvisionnement continu en électricité », souligne l’OMS. « Nous avons également besoin de matériel chirurgical supplémentaire. Si les hôpitaux doivent être bombardés, nous devons nous y préparer », poursuit Oleh Shypelyk.

*L'ONU estime à un million de personnes le nombre de personnes déplacées à l'intérieur de l'Ukraine du fait de l'invasion russe. Quelque 660 000 personnes ont déjà quitté l'Ukraine pour les pays voisins, un chiffre qui devrait augmenter « rapidement », a prévenu l'ONU.


Source : lequotidiendumedecin.fr