À l’occasion d’une séance de l’Académie de médecine sur « l’adolescence et ses troubles », le Dr Xavier Pommereau a rappelé qu’un certain nombre de facteurs de risque étaient « aisément identifiables » mais malheureusement pas toujours reconnus comme tels par les professionnels de santé et du champ médico-social.
Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les moins de 25 ans. Sur les 40 000 adolescents qui tentent de se donner la mort, un sur trois récidive dans l’année qui suit. Les décès par suicide concernent trois garçons pour une fille mais, à l’inverse, les tentatives touchent trois filles pour un garçon et résultent d’intoxications médicamenteuses volontaires dans neuf cas sur dix.
« Dans tous les cas, c’est le désir de rupture qui doit être reconnu à temps par les témoins », indique le Dr Pommereau qui a créé en 1992, au CHU de Bordeaux, une unité-relais spécialisée de 15 lits accueillant environ 350 jeunes suicidaires par an.
La rupture est protéiforme : elle peut s’exprimer à travers l’abus de substances psychoactives, un absentéisme (type fugue), des troubles du sommeil, des automutilations et des ruptures alimentaires, par exemple. Contrairement aux « écarts », ces ruptures, « tranchantes », accompagnent ou annoncent « un risque suicidaire élevé ». Six critères de gravité sont impérativement à prendre en compte, note Xavier Pommereau : la précocité des premières « déchirures » (avant l’âge de 15 ans), le cumul de différentes formes de rupture, leur intensité, la répétition de ces conduites et la chronicité « des modes de coupure d’avec la souffrance et/ou la réalité ». L’inversion des conduites en fonction du sexe (la prise de médicament étant, par exemple, un comportement plus féminin) est le sixième critère.
Les raisons de la crise.
S’agissant de la prise en charge, le psychiatre souligne qu’entre l’évaluation initiale d’un jeune en détresse et le choix de l’orientation thérapeutique la plus adaptée, « une période intermédiaire d’observation suffisante » devrait être proposée afin de déterminer les raisons de la crise suicidaire. L’unité-relais qu’il a mis en place au centre Jean Abadie (CHU de Bordeaux) accueille des jeunes après une tentative de suicide, en relais des urgences, ou en prévention « compte tenu des conduites de rupture observées ».
La durée moyenne de séjour est de trois semaines (quatre au maximum) et ne peut se faire sans le consentement de l’adolescent. Pris en charge par les soignants ainsi que par un psychiatre et un psychologue référents, l’adolescent doit également s’impliquer dans les actes de la vie quotidienne. Les journées sont rythmées par un programme d’activités qui comprend des rencontres formelles obligatoires, des ateliers d’expression et des plages de temps libre.
Parallèlement, les parents bénéficient d’entretiens familiaux en présence de l’adolescent et du psy référent. « L’offre de médiations – ambulatoires ou institutionnelles – doit favoriser un travail de la crise, pour que chacun parvienne peu à peu à comprendre qu’une souffrance en cache souvent une autre », explique Xavier Pommereau. « C’est également pourquoi la définition de cadres d’évolution pour "contenir sans détenir" se révèle indispensable », estime-t-il.
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