Face à la deuxième vague Covid-19, l'Agence de biomédecine réaffirme sa volonté d'assurer la totalité des activités de greffe

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Publié le 16/10/2020
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Crédit photo : S.Toubon

Alors que les activités liées aux dons d'organes et de tissus n'ont pas été épargnées par la crise du Covid et le confinement, l'Agence de la biomédecine (ABM) n'a pas enregistré de surmortalité parmi les patients inscrits sur liste d'attente. Face à la deuxième vague de Covid-19, l'Agence souhaite toutefois éviter à tout prix de nouvelles déprogrammations. Dans ses recommandations publiées le 22 septembre, elle donne la conduite à tenir pour pouvoir assurer la totalité de l'activité de greffe dans des conditions maximales de sécurité sanitaire.

« L'épidémie qui sévit sur notre territoire a créé des conditions difficiles pour le prélèvement et la greffe, en raison essentiellement du risque infectieux pour les donneurs et les receveurs et des tensions sur la disponibilité des équipes soignantes, l'accès aux lits en réanimation et aux blocs opératoires », souligne Emmanuelle Cortot-Boucher, directrice générale de l’Agence de la biomédecine. Ce contexte inédit a conduit à un report des greffes rénales (à l'exception des greffes pédiatriques et combinées) entre le 15 mars et le 11 mai en vue d'assurer en priorité les urgences vitales sur tout le territoire. D'après le Pr François Kerbaul, directeur des prélèvements et des greffes d’organes et de tissu depuis début septembre, ce retard n'a pas encore été totalement rattrapé, bien qu'un rythme normal d'activité ait été retrouvé à l'été.

Préserver des circuits Covid négatifs

Avec ses recommandations élaborées en lien avec les sociétés savantes, les associations et les établissements de santé, l'Agence nourrit une ambition plus forte qu'au printemps : « il est recommandé que chacun anticipe et se mette en situation de maintenir autant qu'il est possible l'activité de greffe pour tous les organes sur l'ensemble du territoire national », résume Emmanuelle Cortot-Boucher. Cela doit passer par la mise en place de circuit Covid négatif pour assurer la prise en charge des patients non infectés et par la possibilité de transférer des patients vers d'autres établissements lorsque ces circuits ne sont plus garantis.

« Nous préconisons un certain nombre de mesures de bon sens afin de promouvoir le recensement des donneurs, le prélèvement et la greffe d'organe tout en assurant un suivi renforcé de nos patients qu'ils soient greffés ou inscrits sur la liste nationale d'attente », ajoute le Pr Kerbaul. Une réduction des indications de greffe ne devra être envisagée qu'en cas de situation critique sur l'ensemble du territoire national.

Une nouvelle campagne de sensibilisation

Au 30 septembre, une baisse de l'activité de greffe de 26,9 % a été enregistrée par rapport à 2019, avec des différences selon les organes, rapporte le Pr Kerbaul. « Nous enregistrons notamment une baisse d'activité de prélèvement et de greffe du cœur et du foie de 16 à 18 % et une baisse de l'activité rénale de 31 % », précise-t-il.

Cette baisse de l'activité n'a a priori pas eu de conséquences en termes de mortalité chez les patients inscrits sur la liste nationale d'attente, aucune surmortalité par rapport à 2019 n'ayant été enregistrée en prenant en compte les décès tous organes confondus et toutes causes confondues.

« Parmi les 68 000 patients greffés et suivis en France, l'incidence de la maladie Covid est de 1,25 % et la mortalité totale par rapport à la population Covid est de 0,20 à 0,25 % », souligne également le Pr Kerbaul.

L'ABM lance une nouvelle campagne du 17 octobre au 6 novembre afin de sensibiliser au don d'organes post-mortem, avec le spot télévisé « Pourquoi ? », qui rappelle que nous sommes tous donneurs présumés.


Source : lequotidiendumedecin.fr