Mieux accompagner les familles dans l'accueil de l'enfant pour mieux répondre aux besoins de ce dernier : tel est l'objectif du rapport sur les « 1 000 premiers jours » que la commission de 18 experts installée il y a un an, et présidée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, a rendu au gouvernement, ce 9 septembre.
« Les enfants, et donc les adultes qu'ils deviendront, sont façonnés par le milieu dans lequel ils grandissent, et l'on peut agir sur ce milieu et ainsi les aider à se développer le mieux possible », résume Boris Cyrulnik.
Épuisement parental, dépressions périnatales, troubles psychiques
Le rapport de 150 pages propose de nombreuses mesures destinées à favoriser le bien-être, voire la santé mentale des parents.
Le dépistage et la prise en charge des dépressions périnatales, qui touchent 10 à 15 % de la population générale mais sont largement sous-diagnostiquées, doivent être renforcés, insistent les experts, qui misent sur la formation des professionnels de santé, leur présence dans les structures de protection maternelle et infantile (PMI) et la diffusion d'outils de dépistage validés.
Les experts proposent un accompagnement spécifique pour de futurs parents souffrant d'un trouble psychiatrique, avec une consultation prénatale adaptée et la création d'un forfait hospitalisation de 10 jours pour les mères « afin de préparer au mieux le suivi ultérieur ».
La commission plaide en outre pour la création et le renforcement d’équipes spécialisées en psychiatrie périnatale (au moins une équipe sur 15 000 naissances) coordonnées avec les maternités, ainsi que la création de centres de ressources départementaux en psychiatrie périnatale.
Mieux informer les parents
Plus largement, les experts insistent sur l'importance de mieux informer les parents grâce à des messages fondés sur les connaissances scientifiques. Outre des campagnes d'information, ils proposent de promouvoir l'entretien prénatal précoce, qui est aussi l'occasion de réaliser plusieurs dépistages.
Des « maisons des 1 000 jours », conçues comme des espaces ressources, pourraient être un autre vecteur d'information, et même de rencontre pour les parents, voire de prévention et de soins, avec des permanences des équipes de PMI et de psychiatrie périnatale.
Refonte des congés de naissance
Enfin, les experts suggèrent de porter le congé paternité (ou du conjoint) à neuf semaines, au lieu de 11 jours actuellement, afin que les parents aient le temps de construire des liens d'attachement avec leur enfant. « Une partie pourrait être prise après la naissance et l'autre partie à la fin du congé maternel », lit-on.
Ces propositions vont être « expertisées » par le gouvernement, et donneront lieu à « des annonces d'ici la fin du mois », a précisé le secrétaire d'État chargé de l'Enfance et des Familles, Adrien Taquet. « Certains éléments ont retenu notre attention », a-t-il expliqué à l'AFP, notamment la nécessité de mieux communiquer des messages de santé publique à des parents « parfois un peu perdus, contraints de chercher des réponses sur les réseaux sociaux », de renforcer l'accompagnement des familles pour mieux « détecter des fragilités », ou encore d'allonger le congé paternité.
Des mesures pourraient être inscrites dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2021, a-t-il ajouté.
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