Dans une pétition commune, 37 organisations de la société civile* réclament à Emmanuel Macron une position contre le renouvellement du glyphosate dans l’Union européenne (UE). Alors que l’autorisation européenne de la molécule active du Roundup de Monsento/Bayer expire fin 2022, les signataires interpellent le chef de l’État afin qu’il mette à profit la présidence française de l’UE, qui démarre en janvier, pour « faire interdire ce pesticide toxique en Europe dès 2023 », lui rappelant sa promesse « non tenue » de 2017 d’une sortie du glyphosate « au plus tard » en trois ans.
La molécule est considérée depuis 2015 comme « cancérogène probable » pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence de l’OMS. En juin dernier, une expertise collective de l’Inserm sur les pesticides et leurs effets sur la santé concluait à l’existence d’un risque accru de lymphome non hodgkinien avec un niveau de présomption « moyenne » (au moins une étude de bonne qualité qui montre une association statistiquement significative) de lien avec l’exposition professionnelle. Une « présomption faible » (études de qualité insuffisantes ou incohérentes entre elles ou n’ayant pas la puissance statistique suffisante pour permettre de conclure) est également évoquée pour d’autres surrisques comme le myélome multiple et les leucémies.
Vers une réhomologation ?
Malgré ces alertes, un rapport d’évaluation du renouvellement, remis en juin par le groupe de quatre états missionnés pour étudier ce dossier (France, Hongrie, Pays-Bas et Suède) laisse « entendre que le glyphosate ne serait pas dangereux pour la santé », dénoncent les signataires, qui y voient une brèche vers une réhomologation du glyphosate en Europe. Par ailleurs, l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) et l’ECHA (Agence européenne des produits chimiques), qui ont ouvert des consultations publiques et doivent se prononcer sur ce dossier, sont accusés de ne s’appuyer que sur les données des industriels pour statuer sur la toxicité du glyphosate.
« La dangerosité du glyphosate est maintenant acquise pour les experts qui utilisent les données scientifiques publiées validées par la communauté scientifique, comme ceux du CIRC ou de l’Inserm. Mais le risque dans le dossier de réhomologation du glyphosate est que, comme par le passé, les agences européennes écartent ces données et s’appuient plutôt sur les études produites par les industriels, souvent contestables », résume ainsi François Veillerette, directeur et porte-parole de Générations futures.
Les modalités d'évaluation européenne contestées
L’association qu’il représente a encore récemment dénoncé les modalités européennes d’évaluation qui permettent aux industriels de ne pas soumettre l’ensemble des études disponibles à l’examen des autorités. Selon Générations futures, près de 60 % des études de toxicité/écotoxicité du glyphosate identifiées uniquement dans PubMed « ont été ignorées par les industriels du "Glyphosate Renewal Group" » pour la demande de réhomologation du glyphosate en 2020.
Cette dépendance aux données fournies par les industriels a été soulignée dès 2019 par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) dans un rapport sur le fonctionnement des agences françaises et européennes.
Un rapport de plusieurs inspections générales (CGEDD, IGAS, IGF, IGESR, et CGAAER), daté de décembre 2020 mais rendu public en septembre dernier, pointe également ces lacunes dans l’évaluation européenne. « Les études fournies par les industriels pour l’autorisation des substances, qui sont au cœur des dossiers d’évaluation, doivent à la fois respecter les exigences réglementaires, le principe "pas de donnée, pas de marché" et être plus transparentes », est-il souligné, en même temps qu’est demandé que les agences aient la capacité à lancer des études : « cette capacité doit donc être conservée pour l’Anses, développée pour l’EFSA et créée pour l’ECHA », estiment les Inspections.
* Foodwatch France, Générations futures, Greenpeace France, Agir pour l'Environnement, Ligue contre le cancer, WECF, France Nature Environnement, FNE Auvergne-Rhône- Alpes, Amis de la Terre, ATTAC France, BLOOM, Combat Monsanto, Justice Pesticides, Confédération paysanne, CCFD-Terre-Solidaire, Réseau Action Climat, Union nationale de l'Apiculture française, Syndicat national d'apiculture, Terre d'abeilles, Terre & Humanisme, Cantine sans plastique France, Réseau Environnement Santé, FNAB, Mouvement de l'Agriculture Bio-Dynamique, SOL, Institut Veblen, Commerce équitable France, UFC Que Choisir, Ligue des droits de l’Homme, Ingénieurs sans frontières agriSTA, ActionAid France, Secrets Toxiques, WWF, SumOfUs, WeMove Europe, Campagne Glyphosate, Alerte des médecins sur les pesticides.
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