La loi de santé amendée pour consacrer le rôle du généraliste, flou total sur les moyens

Par
Publié le 30/03/2015

Le Pr Pierre-Louis Druais, président du collège de médecine générale (CMG), a été reçu ce lundi matin par la ministre de la Santé pour évoquer enfin les suites données par le gouvernement au rapport qu’il vient de piloter sur la place et le rôle de la médecine générale dans le système de santé.

Cet entretien de 45 minutes avec Marisol Touraine, qualifié de « positif » par le Pr Druais, s’est déroulé deux jours seulement après le congrès de la médecine générale qui a réuni à Paris plus de 4 000 omnipraticiens (mais en l’absence de Marisol Touraine).

« Il n’y aura pas de chapitre spécifique sur la médecine générale dans la loi de santé, a précisé ce lundi au « Quotidien » le Pr Druais, mais l’article 12 sera réécrit pour consacrer le rôle du médecin traitant et une instance devrait voir le jour pour piloter la stratégie des soins de santé primaires ».

Cette réflexion s’inscrit dans la perspective de la grande conférence nationale de santé annoncée par le Premier ministre, qui devrait se tenir d’ici à la fin de l’année ou début 2016.

Signaux sur la formation

Selon le président du Collège, plusieurs amendements gouvernementaux au projet de loi de santé permettront de conforter la fonction traitante du généraliste et sa place centrale dans la coordination des soins, dans l’éligibilité des patients à un réseau de soins ou encore dans l’organisation des futures pratiques avancées. De la même façon, au niveau territorial, « rien ne se fera sans le médecin traitant », affirme le Pr Druais.

En matière de formation universitaire, le ministère a confirmé que le nombre de chefs de clinique (85) serait doublé d’ici à deux ans et que chaque faculté de médecine disposerait à l’avenir d’au moins une maison ou un centre de santé universitaire (sans que l’échéance soit précisée).

La création d’une sous-section de médecine générale au sein du conseil national des universités (CNU), annoncée lors du dernier congrès du CNGE, sera effective d’ici à la fin mai 2015.

De même, le développement professionnel continu (DPC), dont l’organisation actuelle est très critiquée par la profession (qui demande à la fois une simplification et une gestion paritaire), sera amendé en profondeur.

La rémunération renvoyée à plus tard

En résumé, la future loi devrait (une nouvelle fois ?) mieux reconnaître sur le papier le rôle de pivot du médecin généraliste traitant (sans aller toutefois jusqu’au système de gate-keeper). Mais la question centrale des moyens et de la rémunération est renvoyée au champ conventionnel (ou même à la conférence de santé). Le rapport Druais préconise pourtant une « équité de traitement » entre la médecine générale et les autres spécialités, le développement des forfaits « structure », de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) et un fonds d’investissement annuel de 400 millions d’euros pour les soins primaires (fléché au sein de l’ONDAM). « Je n’ai eu aucune précision sur ces points », admet le Pr Druais.

Christophe Gattuso

Source : lequotidiendumedecin.fr