La pollution provoque 9 millions de décès par an, alerte le « Lancet »

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Publié le 20/10/2017
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La pollution, définie comme pollution de l'air, contamination de l'eau et des sols, et polluants chimiques, serait responsable de 9 millions de morts dans le monde, soit 16 % de la mortalité totale, révèle ce 19 octobre le « Lancet », à l'issue d'un projet de deux ans, porté par plus de 40 auteurs internationaux spécialisés en santé et en environnement. Une publication qui intervient une semaine après l'évaluation de l'agence européenne pour l'environnement (qui portait exclusivement sur la pollution de l'air). 

« La pollution est bien plus qu'un défi écologique ; c'est une menace profonde et omniprésente qui plane sur de nombreuses dimensions de la santé et du bien-être. Elle mérite toute l'attention des leaders internationaux, de la société civile, de professionnels de santé, et de tous les citoyens du monde », interpelle le Pr Philip Landrigan, co-président de la commission sur la pollution et la santé du « Lancet » (Icahn School of medecine at Mount Sinai, USA). Et d'appeler à une prise de conscience générale, après des années de négligence. 

Pollution de l'air meurtrière

La pollution de l'air (intérieur et extérieur) est la plus meurtrière, avec à son compte 6,5 millions de morts en 2015, des suites de maladies non transmissibles, de pathologies cardiaques, de cancers du poumon, d'AVC.

La pollution liée à l'eau est responsable de 1,8 million de décès, conséquences de maladies intestinales, et d'infections parasitaires. 

Quelque 800 000 décès seraient liés à l'exposition sur le lieu de travail : pneumoconiose pour les mineurs, cancers de la vessie pour les employés de teintureries, pathologies liées à l'amiante. Et 500 000 morts seraient causées par le plomb. 

Ces chiffres sont sous-estimés, avertissent les auteurs, eu égard aux nombreux polluants chimiques qui restent à identifier et étudier. 

Injustice sociale et droits humains bafoués 

Près de 92 % de ces décès liés à la pollution surviennent dans les pays à bas ou moyens revenus, notamment dans les pays qui connaissent un rapide développement, comme l'Inde (2,5 millions de morts en 2015), la Chine (1,8 million) le Pakistan, le Bangladesh, Madagascar ou encore le Kenya. Les auteurs remarquent que le type de pollution évolue avec les étapes du développement économique. Par exemple, la pollution de l'eau et de l'air intérieur, qui accompagne les premiers temps de l'industrialisation, a causé 5,9 millions de décès en 1990, et 4,2 millions en 2015. À l'inverse, la pollution de l'air, des sols, et chimique a grimpé de 4,3 millions en 1990 à 5,5 millions une génération plus tard. 

Néanmoins, la pollution n'est pas une fatalité de la croissance économique, assurent les auteurs qui appellent à l'application de lois destinées à protéger la santé des populations. 

La pollution, en outre, a un coût, avertit le « Lancet », qui pèse encore plus lourd pour les pays en voie de développement. Les pertes sanitaires s'élèveraient à plus de 4 600 milliards de dollars chaque année, soit 6,2 % de la production économique mondiale. 

« Pollution, pauvreté, mauvaise santé et injustice sociale sont intimement liées. La pollution menace les droits fondamentaux humains, comme le droit à la vie, à la santé, au bien-être, à un travail sûr, ainsi que la protection des enfants et des plus vulnérables », conclut Karti Sandiliya, l'un des auteurs de la Commission (Pure Earth, USA).


Source : lequotidiendumedecin.fr