« Il faut que la Réunion retrouve un rythme normal, (...) je prendrai le temps qu'il faut pour entendre tout le monde. » Interviewée par la chaîne locale Réunion la 1re, Annick Girardin a lancé ce lundi un message qui se voulait apaisant. La ministre des Outre-mer doit s'envoler mardi soir pour l'île, secouée depuis dix jours par des tensions sociales, sur fond de mouvement de contestation des gilets jaunes.
Visite de la Ministre des Outre-Mer : Annick Girardin très attendue pic.twitter.com/bmnS0vhH9b
— Réunion la 1ère (@reunionla1ere) 26 novembre 2018
La semaine dernière, des violences en marge de manifestations ont conduit à la mise en place par la préfecture d'un couvre-feu, levé ce dimanche après une accalmie. Mais plus d'une trentaine de barrages routiers, bloquants ou filtrants, étaient à nouveau recensés ce lundi.
L'inquiétude se fait surtout sentir du côté des services publics, empêchés de fonctionner normalement. Outre les écoles fermées, les hôpitaux sont sérieusement affectés, à commencer par le CHU de la Réunion, où travaillent 7 000 agents hospitaliers répartis sur deux sites (l'un au nord, à Saint-Denis, l'autre au sud, à Saint-Pierre).
L'établissement vient de publier une note de service où il évoque de « nombreuses difficultés de fonctionnement », qui se répercutent à la fois sur les usagers et sur les personnels. Le CHU y exprime sa « reconnaissance face à la grande conscience professionnelle dont l'ensemble des hospitaliers font preuve pour assurer la prise en charge des patients ». Une cellule de crise a été mise en place au début du mouvement social, en lien avec l'agence régionale de santé (ARS) et la préfecture, pour résoudre des problèmes urgents comme l'hébergement de personnels, la réorganisation des horaires de travail – dont la transformation des astreintes en gardes, pour éviter les trajets nocturnes – ou la possibilité pour certains agents de travailler depuis leur domicile. Les produits de santé « urgents » sont déjà envoyés par hélicoptère, avion militaire ou par des convois de forces de l'ordre, pour contourner les barrages routiers.
Risque de déprogrammation au bloc
Malgré ces mesures, des personnels ont été victimes « d'actes violents et de dégradations de leurs véhicules », déplore la direction du CHU, qui espère un apaisement des tensions. « Jusqu'à présent nous avons réussi à faire fonctionner normalement nos services, indique au « Quotidien » la directrice adjointe Gaëlle Dufour. Mais nous craignons d'avoir de plus en plus de difficultés. Si le mouvement persiste, il arrivera un moment où les personnels seront épuisés, nous serons alors obligés d'adapter notre activité, en donnant la priorité aux urgences et en déprogrammant des interventions. »
Selon la directrice adjointe, la fatigue commence sérieusement à se faire sentir chez les personnels, notamment soignants, du CHU. « Les agents partent plus tôt le matin à cause des barrages, et rentrent parfois très tard le soir. On sent une angoisse et un stress qui monte, et aussi une forme de lassitude », indique Gaëlle Dufour.
Des cabinets vandalisés, selon la CSMF
Malgré le manque de repos, les agents du CHU « comprennent » les causes du mouvement des gilets jaunes, assure de son côté Bernard Ramalingom, secrétaire SUD santé sociaux au sein de l'établissement. « Les personnels sont solidaires sur le fond avec les gilets jaunes, car conscients de la situation économique difficile de l'île, mais ils le sont moins sur les méthodes employées, car ils se sentent prisonniers du mouvement », souligne le syndicaliste.
Le président de la conférence des présidents de CME de centres hospitaliers, le Dr Thierry Godeau, a de son côté apporté son soutien aux professionnels de santé locaux, et appelé les manifestants « à respecter la libre circulation de ces femmes et hommes au service de la santé des Réunionnais ».
Les médecins libéraux de la région sont aussi touchés par la situation. Selon la CSMF, « la permanence de soins a tout de même été assurée malgré l’insécurité » et le couvre-feu, mais l'activité des professionnels de santé est « très ralentie, voire nulle ». Les déplacements au domicile des patients sont quasiment « impossibles » dans certains secteurs et des soignants ont été agressés et leurs cabinets vandalisés, assure la centrale syndicale. Elle appelle le gouvernement « à agir au plus vite » afin que les patients qui ont besoin de soins puissent en bénéficier.
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