Activité physique chez le patient arthrosique

La sédentarité, ennemie de l’arthrose

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Publié le 22/09/2016
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Arthrose

Arthrose
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

En cas d’arthrose fruste ou à un stade évolué, l’activité physique ou la pratique d’un sport font partie des recommandations de l’EULAR. En effet, le stress mécanique constitue le pilier du traitement non pharmacologique.

De la marche régulière…

Une étude récente a d’ailleurs permis de conclure que faire 6 000 pas par jour ou plus protégerait de l’arthrose du genou. En revanche, les excès d’impacts répétés en force et des rotations en charge sont nocifs pour le cartilage. Ainsi, certains sports comme le football, le rugby, le tennis, le basketball, le judo, le karaté, le marathon ou la danse professionnelle par exemple, augmentent le risque d’arthrose chez ceux qui pratiquent plus de dix ans à haut niveau.
Faut-il déconseiller la course à pied chez les plus de 50 ans ayant une gonarthrose ? C’est la question à laquelle les auteurs d’une étude observationnelle très récente des biomarqueurs et facteurs de risque de gonarthrose ont tenté de répondre. Au total, 1 251 patients de la cohorte « Osteoarthritis Initiative » ont été inclus. Ils avaient plus de 50 ans et une gonarthrose radiographique. Son évolutivité a été évaluée au 48mois par la symptomatologie et la radiographie. Au 96mois, les patients ont indiqué leurs 3 activités physiques les plus courantes sur un questionnaire, et ont été ainsi classés en coureurs et non coureurs.
Les symptômes douloureux sont apparus plus fréquents à l’inclusion chez les coureurs que chez les non-coureurs, mais les stades radiologiques d’arthrose étaient équivalents. À l’issue de l’étude, aucune différence n’a été mise en évidence entre coureurs et non coureurs en termes de douleur ou de progression radiographique. Chez les coureurs, il a même été noté une amélioration plus fréquente du score douloureux.
Pour les auteurs, la course à pied ne devrait pas être déconseillée chez les plus de 50 ans ayant gonarthrose.
Ce travail vient confirmer une étude qui avait été mise en place pour évaluer l’effet de la course à pied sur le risque de survenue d’une arthrose, de pose d’une prothèse totale de hanche artificielle (6). Les résultats avaient montré que plus les entraînements à la course, calculés en METs, sont intenses, plus le risque d’arthrose et de pose d’une prothèse de hanche diminue. Cette étude avait également montré que lorsque l’indice de masse corporel augmente de 1 point, le risque d’arthrose s’accroît de 5 %, atteignant même 10 % pour la pose de prothèse de hanche.
La littérature insiste globalement sur les précautions à prendre chez les sujets ayant des facteurs de risque, notamment le surpoids, les antécédents de traumatisme du genou et les activités professionnelles (7).

... à la course à pied hors normes

Enfin, des auteurs Allemands ont suivi un groupe de 44 coureurs qui ont participé à une course à pied de 4 500 kilomètres en 64 jours (8). Si le cartilage se dégrade pendant les premiers 2 500 kilomètres de la course, il semble se régénérer au-delà de cette distance… De plus, sur une courte série de 7 patients, la course à pied hors norme semble même éventuellement compatible avec une prothèse totale de hanche, sans effet délétère sur le couple de frottement (9). Des contrôles radiographiques réguliers sont indispensables dans cette population habituée à souffrir en courant.
En conclusion, pour le Dr Coudreuse, « des recommandations sont toujours individuelles. En effet, les contraintes ne sont probablement pas les mêmes chez un sujet mince qui a couru toute sa vie et qui possède une bonne technique de course que chez un patient peu tonique en surcharge pondérale ».

Éviter le risque de technopathies

De même, « il vaut mieux privilégier un sport dont la technique est maîtrisée, qui générera moins de technopathies qu’un sport où l’on débute. L’exemple du ski est parlant puisque les contraintes ne seront pas les mêmes chez un bon skieur que chez un skieur débutant ».
Enfin, « il faut toujours respecter le seuil douloureux : le sport peut entraîner des douleurs musculaires mais pas des douleurs articulaires et surtout pas d’épanchement… ». Sans oublier que le plaisir est une notion importante, insiste le spécialiste : « Il est fondamental que le patient puisse choisir l’activité qui lui plaît. » La localisation de l’arthrose est également importante : « Une arthrose fémoro-patellaire fera plutôt choisir des exercices en chaîne cinétique fermée alors qu’une atteinte fémoro-tibiale fera plutôt choisir la chaîne cinétique ouverte. »

* responsable de l'unité de médecine du sport, pôle de médecine physique et de réadaptation, médecine du sport, hôpital Salvator, Marseille

Dr Gérard Bozet

Source : Le Quotidien du médecin: 9519