Fécondation in vitro

La Vénétie rembourse jusqu’à 50 ans

Publié le 22/06/2011
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DE NOTRE CORRESPONDANTE

EN ACCOUCHANT à l’automne dernier d’une petite fille à l’âge de 50 ans, la rockeuse italienne Gianna Gianni est devenue l’inspiratrice des quinquagénaires en mal de maternité. Un désir compréhensible, selon la région vénitienne, qui vient d’ailleurs de rehausser l’âge limite pour la fécondation in vitro, qui passe de 43 à 50 ans. « En Italie, le cas de Gianna Gianni n’est pas un fait isolé, car de plus en plus de femmes mures désirent avoir un enfant », a souligné Luca Coletto, responsable du département régional de la Santé de Vénétie, en présentant le dispositif.

Côté hommes, la norme reste invariable : passé le seuil des 65 ans, les Italiens ne peuvent plus faire acte de candidature. Du moins dans le public, le dispositif régional ne concernant que les structures hospitalières ou conventionnées. Dans le secteur privé, la loi 40 sur la procréation artificielle, qui n’impose pas d’âge limite, reste en vigueur. Même si l’article 5 évoque très clairement « l’âge potentiellement fertile ». En clair, les médecins auront les mains libres, tout en tenant compte des risques liés à une grossesse tardive tant pour la mère que pour l’enfant.

C’est d’ailleurs l’argument invoqué par une commission de gynécologues interpellés sur la question par la Région. « Avant d’adopter ce dispositif, la Région nous avait demandé de réfléchir sur le dossier. Mais elle n’a pas tenu compte de nos objections », s’indigne aujourd’hui Roberto Sposetti. Le président de la branche vénitienne de la SIGOS, la Société italienne des gynécologues et des obstétriciens, avait pourtant pratiqué en 2001 une insémination artificielle puis une césarienne sur une femme de 63 ans. Mais, depuis, il a fait marche arrière et qualifie la décision de la Région d’acte irresponsable sur le plan économique pour la situation sociale italienne compte tenu du pourcentage de réussite assez restreint. Et de « malhonnête sur le plan moral, car il entretient faussement les espoirs des quinquagénaires ».

Côté finances, le dispositif régional adopté jeudi dernier, introduit le remboursement des 7 premières tentatives (FIV et ICSI) pratiquées en milieu hospitalier. Pour réduire les coûts des interventions en prévision d’une augmentation du nombre de candidates, la Région a également décidé que les tentatives seront effectués en ambulatoire. En clair, plus d’hospitalisation sauf pour les cas à risque.

Pilule du surlendemain.

Autre décision importante dans le domaine de la reproduction : la commercialisation au niveau national de la « pilule du surlendemain », EllaOne*, autorisé la semaine dernière par le Conseil supérieur de la Santé. Après avoir effectué au préalable un test de grossesse, les Italiennes pourront acheter le petit cachet sous présentation d’une ordonnance. Mais cette décision suscite les critiques du Vatican, fort de son influence sur la vie politique, économique et sociale italienne. « Cela a tous les effets d’un avortement, un avortement raffiné et malicieux », a tonné le cardinal Elio Sgreccia, président honoraire de l’Académie pontificale pour la vie.

Du coté de la communauté médicale, les avis sont partagés. Pour certains, l’interdiction de la vente d’EllaOne sans ordonnance devra être rapidement levée. Pour d’autres, en revanche, le petit cachet risque d’avoir des retombées dévastatrices sur la politique de prévention des naissances, notamment au niveau des jeunes.

*En France, EllaOne (ulipristal) est commercialisée depuis octobre 2009 et remboursée à 65 % depuis septembre 2010.

ARIEL F. DUMONT

Source : Le Quotidien du Médecin: 8987