Le brûlot du patron de la FMF

Le diagnostic est sans appel. Avec la loi de santé, privatisation et médecine à deux vitesses menacent notre système de soins fragilisé, gangrené par les abus, dysfonctionnements et autres gaspillages.

Sur 200 pages, le Dr Jean-Paul Hamon, bouillant président de la Fédération des médecins de France (FMF), dresse un tableau quasi apocalyptique avec son habituel franc-parler. Faute de stratégie, cette loi accumulerait les « banalités sur la nécessaire prévention », promettant encore une fois de faire du généraliste le « pivot du système » quand elle l’enfonce en réalité « au cinquième sous-sol du système de santé », tacle le généraliste de Clamart (Hauts-de-Seine). Pire, Marisol Touraine offrirait des pouvoirs de contrôle « exorbitants » aux agences régionales de santé (ARS), y compris sur la liberté d’installation (que la ministre de la Santé jure pourtant de préserver). Les transferts de tâches ? Ce serait un autre exemple de la « méconnaissance du terrain » et la preuve de l’intention de la ministre de se passer des médecins libéraux...

Quant au tiers payant généralisé, présenté par le ministère comme la « formule magique » pour en finir avec le renoncement aux soins, il passerait à côté de sa cible : les soins dentaires et l’optique. Pour le Dr Hamon, les inégalités d’accès aux soins sont la conséquence de délais d’attente, et pas de dépassements « scandaleux » que seule une minorité de « mandarins » pratique. Trois médecins libéraux sur quatre appliquent les tarifs en secteur I, rappelle-t-il.

Pique finale, ce texte « fourre-tout » s’inscrirait dans la droite ligne de la loi Bachelot, « le dogmatisme en plus ». Le Dr Hamon conclut son réquisitoire par une série de propositions pour réformer un système de santé à l’agonie.