L’Église catholique et la lutte contre la pédophilie

3 240 cas d’accusations crédibles de pédophilie ont été transmis à la congrégation pour la doctrine de la foi, au Vatican, de 2004 à 2013 ; ils concernent le plus souvent des faits remontant aux années 1960, 1970 et  1980. 848 prêtres ont été réduits à l’état laïc et 2 572 ont fait l’objet d’autres mesures disciplinaires. Dressé par le nonce auprès de l’ONU, ce bilan intervient alors que le Comité onusien contre la torture a appelé le Vatican à « agir davantage contre les actes de pédophilie impliquant des membres du clergé ». Une réforme des procédures avait déjà été engagée par le pape Benoît XVI, qui avait « défroqué » quelque 400 ecclésiastiques au cours des deux dernières années de son pontificat. Mais les associations de victimes, notamment américaines, continuent de dénoncer un manque de transparence et la persistance de procès canoniques opaques. Dernier exemple en date, le nonce en poste en République dominicaine, accusé d’actes pédophiles, a été discrètement rapatrié à Rome en 2013, alors que sa comparution est réclamée dans un autre État.

Le pape François, qui a rencontré le 7 juin une dizaine de victimes d’abus sexuels commis par des prêtres, a comparé les actes pédophiles à « des messes noires » et précisé que trois évêques sont actuellement sous enquête pour ces crimes. « Il n’y a pas de privilège », a-t-il assuré. La commission qu’il a mise en place ne statuera pas sur des cas individuels, mais présentera des recommandations pour « garantir que les enfants et les adultes vulnérables soient protégés des abus ». Elle est présidée par le cardinal archevêque de Boston O’Malley, connu pour son intransigeance sur la question ; aux côtés du Dr Bonnet, on y trouve trois autres femmes laïques, Marie Collins, une ancienne victime, Sheilla Hollins, psychiatre britannique, l’ancienne chef du gouvernement polonais Hanna Suchocka. Siègent également un avocat, un théologien et un psychothérapeute. « Notre responsabilité est écrasante », confie Catherine Bonnet.