Les modifications environnementales en question

L’infécondité involontaire augmente

Publié le 22/02/2012
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Crédit photo : S TOUBON

TOUTES les études le montrent : il y a une augmentation des allergies chez les enfants, une augmentation de l’incidence du diabète de type 2, une augmentation en 25 ans du nombre de nouveaux cas de certains cancers tant chez l’homme que chez la femme et une augmentation de l’obésité et des maladies chroniques. « Devant ce tableau préoccupant, le débat est vif pour savoir quelle est la part qui revient aux évolutions démographiques (vieillissement de la population) et des techniques médicales de diagnostic et de traitement (dépistage précoce, prise en charge) et celle qui doit être attribuée aux modifications de l’environnement », indique le Pr Alfred Spira dans l’éditorial du BEH consacré cette semaine aux enjeux environnementaux pour la fertilité humaine.

La question des conséquences des activités industrielles sur la détérioration spécifique de la santé reproductive humaine se pose essentiellement depuis le début des années 1990. « Dans un contexte où parfois le débat conduit à de sérieuses approximations et à des extrapolations plus ou moins sensationnalistes, il est important de fournir des données valides et actualisées relatives à la fonction de reproduction masculine et féminine », poursuit le médecin épidémiologiste.

La fertilité sous surveillance.

L’une des études du BEH fait le point sur la fertilité des couples en France. Elle se fonde sur l’Enquête nationale périnatale (ENP) de 2003 (sur un échantillon de 14 187 femmes venant d’accoucher) et sur une enquête de l’Observatoire épidémiologique de la fertilité en France (OBSEFF) réalisé en 2007-2008 à partir d’un échantillon aléatoire transversal de 867 couples n’utilisant pas de contraception. La fréquence de l’infécondité involontaire après 12 mois sans contraception était estimée à 18 % par l’ENP et à 24 % par l’OBSEFF. Pour l’infécondité involontaire après 24 mois, ces proportions étaient respectivement de 8 % et 11 %. Environ un couple sur quatre à six qui arrête d’utiliser un moyen de contraception sera concerné par une infécondité involontaire d’un an. Mais le pourcentage de couples sans grossesse après un an sans contraception est probablement supérieur, notent les auteurs du BEH. Elle serait actuellement de l’ordre de 15 à 25 %, ce qui constitue « un problème de santé non négligeable ». Au total, les couples français déclarent plus fréquemment souffrir de troubles de la fertilité que par le passé. Toutefois, la médiatisation croissante des troubles de la fertilité et de leurs traitements médicaux les rend peut-être plus impatients dans l’obtention d’une grossesse ou de moins en moins résignés. La pertinence et les modalités d’un système de surveillance de la fertilité humaine sont actuellement discutées. Pour les auteurs, ce système devrait associer aux paramètres de fertilité du couple, un suivi de marqueurs biologiques des volets masculin et féminin de la fertilité. Car le niveau « relativement élevé de la fécondité de la France (...) par rapport à ses voisins européens, ne doit pas donner l’illusion d’une absence de troubles de la fertilité dans la population, dont le suivi, non planifié actuellement, serait pertinent pour la santé publique ».

STÉPHANIE HASENDAHL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9087