L'OMS et l'Unicef s'inquiètent du risque de flambées épidémiques de rougeole, en particulier en Ukraine

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Publié le 28/04/2022

Crédit photo : Phanie

Entre janvier et février 2022, 17 338 cas de rougeole ont été rapportés dans le monde, ce qui représente une augmentation du nombre de cas de 79 % par rapport à la même période l'année dernière (9 665 cas), s'inquiètent l'Organisation mondiale de la santé et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). Et ce d'autant plus que les conditions actuelles sont favorables à une flambée des cas de rougeole et plus largement de maladies pouvant être prévenues par la vaccination. « Des millions d’enfants pourraient ainsi être touchés en 2022 », alertent les deux agences onusiennes.

« S’il est encourageant de constater que la population de nombreuses collectivités commence à se sentir suffisamment protégée du Covid pour reprendre ses interactions sociales, cette reprise des activités dans les pays où les enfants ne bénéficient pas d’une vaccination de routine contribue à créer le terrain idéal pour la propagation de maladies telles que la rougeole », souligne Catherine Russell, directrice générale de l’Unicef.

Le Covid et les conflits limitent l'accès à la vaccination

En détournant les ressources, la crise du Covid a fortement contribué à aggraver les inégalités d'accès aux soins et en particulier à la vaccination. Ainsi, en 2020, ce sont 23 millions d’enfants qui n’ont pas été vaccinés contre les maladies à prévention vaccinale : c'est 3,7 millions de plus qu’en 2019. Ce chiffre est ainsi le plus élevé depuis 2009. Mais au-delà de la crise sanitaire, les conflits qui sévissent notamment en Ukraine, en Éthiopie, en Somalie et en Afghanistan poussent les populations à se déplacer et perturbent les services de vaccination, mais aussi l'accès à l’eau potable et à l’assainissement.

En Ukraine, la campagne de rattrapage contre la rougeole lancée en 2019 a été interrompue successivement par la crise du Covid et par la guerre qui sévit actuellement. « Il est essentiel de mener des campagnes de vaccination de routine et de rattrapage partout où l’accès est possible afin de veiller à ce que la situation observée dans le pays entre 2017 et 2019, une période marquée par des flambées épidémiques à répétition qui ont touché plus de 115 000 personnes et entraîné 41 décès – soit le taux d’incidence le plus élevé en Europe –, ne se reproduise pas », soulignent l'OMS et l'Unicef.

Dans ce pays, l'OMS s'inquiète aussi d'une possible épidémie liée à des poliovirus circulants dérivés d'une souche vaccinale de type 2 alors que deux enfants atteints de paralysie flasque aiguë (PFA) ont été testés positifs pour la poliomyélite et que le virus a été détecté chez 19 contacts asymptomatiques. Une campagne nationale initialement lancée le 1er février devait cibler environ 140 000 enfants de six mois à six ans qui n'avaient reçu aucune dose. Elle a repris dans la mesure du possible après avoir été interrompue. Seulement 48 % des enfants ciblés étaient vaccinés au 24 avril, déplore l'OMS.

Importance d'un schéma à deux doses

Pour que les populations soient protégées efficacement contre la rougeole, le taux de couverture vaccinale doit atteindre au moins 95 %, avec un schéma à deux doses. Mais l'administration de la deuxième dose a été perturbée dans nombre de pays. Et dès que la couverture est insuffisante, la rougeole, maladie particulièrement contagieuse, se propage rapidement. « Outre ses effets directs sur l’organisme, qui peuvent mettre en jeu le pronostic vital, le virus de la rougeole affaiblit le système immunitaire et rend l’enfant plus vulnérable pendant plusieurs mois à d’autres maladies infectieuses telles que la pneumonie et la diarrhée », soulignent l'OMS et l'Unicef.

Au cours des 12 derniers mois, les deux organisations ont enregistré 21 flambées épidémiques majeures de rougeole, en particulier en Afrique et en Méditerranée orientale. « Toutefois, ces chiffres sont probablement sous-estimés car, la pandémie ayant mis à mal les systèmes de surveillance à l’échelle du globe, il est fort probable que la totalité des cas n’aient pu être signalés », précisent-elles.

Lancer des campagnes de rattrapage

Pour le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, « il est urgent de remettre les services essentiels de vaccination sur les rails et de lancer des campagnes de rattrapage afin que chacun puisse avoir accès à ces vaccins vitaux ». Il estime que « les conséquences des perturbations des services de vaccination se feront sentir pendant plusieurs décennies en ce qui concerne d’autres maladies ».

L'OMS et l'Unicef unissent leurs efforts en collaboration avec leurs partenaires, comme le Gavi, l'Alliance du vaccin, afin de rétablir les services de vaccination et d'identifier les communautés n'ayant pas reçu de dose durant la pandémie. 

Selon les deux agences onusiennes,  57 campagnes de prévention vaccinale prévues dans 43 pays ont encore été reportées en date du 1er avril. Et ce au détriment de 203 millions de personnes, principalement des enfants.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr