L'OMS revoit son mode de financement, un moment historique pour Tedros Adhanom Ghebreyesus réélu

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Publié le 25/05/2022

Crédit photo : AFP

Premier Africain à diriger l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l'Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus a été reconduit ce 24 mai pour un second mandat. Une réélection sans surprise, pour ce spécialiste du paludisme, diplômé en immunologie et docteur en santé communautaire, soutenu par de nombreux États membres (dont la France et les États-Unis) et sans rival. Selon plusieurs sources, il a obtenu 155 voix contre 5, dans un vote à bulletins secrets au cours de l'Assemblée mondiale de la santé (AMS) qui se tient cette semaine à Genève.

Vers un financement plus solide

Tedros Adhanom Ghebreyesus devrait être conforté dans ses actions par un nouveau mode de financement de l'OMS, sur lequel un comité d'États membres s'est accordé ce 24 mai (avant l'AMS dans son ensemble) pour assurer à l'OMS des fonds plus stables et prévisibles. « Non seulement vous m'avez élu, mais en plus vous me donnez un incroyable cadeau. C'est un moment historique », s’est réjoui le directeur général.

Jusqu'à présent, le budget biennal de l'OMS est de 5,8 milliards de dollars en 2020-2021 et de 6,12 milliards pour 2022-2023 (contre 8 milliards d'euros par an, par exemple, pour l'AP-HP). Et la majorité des fonds donnés par les États à l'OMS repose sous forme de contributions volontaires, difficiles à planifier et à obtenir. Selon les derniers chiffres, les contributions obligatoires représentent 957 millions de dollars, les contributions volontaires, 3,7 milliards de dollars. Les cotisations les plus élevées sont celles des États-Unis (219 millions de dollars), de la Chine (115 millions), du Japon (82 millions), de l'Allemagne (58 millions) et de la Grande-Bretagne (44 millions).

Le nouveau système va progressivement amener - sur une période d'une dizaine d'années - la part fixe du budget de l'OMS à 50 %, contre seulement 16 % pour le budget biennal 2020-2021. Dès le prochain budget, les contributions obligatoires augmenteront de 20 % pour atteindre environ 1,2 milliard de dollars, a précisé le président du groupe de travail de l'OMS sur le financement durable, Björn Kümmel.

« Cela va nous donner une plateforme de financement durable pour proposer des programmes à long terme, recruter des experts dont nous avons besoin et nous permettre d'apporter à tous les pays membres le soutien dont ils ont besoin », a assuré Tedros Adhanom Ghebreyesus. Le nouveau mode de financement, moins dépendant des dons, devrait permettre à l'Institution de gagner en indépendance. L'OMS doit, en échange, s'engager à être plus transparente sur son financement et sur le recrutement de son personnel.

Renforcer les soins primaires

Concernant sa réélection, Tedros Adhanom Ghebreyesus veut y voir un vote de confiance dans l'ensemble de l'organisation et a rendu un vibrant hommage à ses collègues qui ont « travaillé dur et en bonne foi » pendant la pire pandémie depuis un siècle. « Cette pandémie a été totalement sans précédent et nous avons construit le bateau pendant que nous naviguions, a reconnu Tedros Adhanom Ghebreyesus. J'espère que nous serons capables d'empêcher la prochaine pandémie ou de la gérer aussi efficacement que possible. »

Le directeur général a exposé ses priorités devant l'Assemblée : s'assurer que les gens sont en bonne santé ; mettre les soins primaires au cœur de la couverture santé universelle ; améliorer la préparation et la réponse aux urgences et « renforcer l'amélioration constante de l'OMS ».

« Il reste encore beaucoup à faire pour moderniser l'OMS pour qu'elle soit beaucoup plus efficace et réactive et nous savons que vous vous y engagez », a déclaré Loyce Pace, représentante de l'administration américaine, se faisant l'écho d'un sentiment largement partagé parmi les membres. Il a notamment été reproché à Tedros Adhanom Ghebreyesus une attitude trop conciliante à l'égard de la Chine au début de la crise du Covid-19, une réaction trop lente sur le scandale d'exploitation sexuelle dont sont accusés certains employés de l'OMS et l'absence d'effet de ses appels, notamment lorsqu'il réclame plus de moyens pour les pays les plus pauvres.

C. G. (avec AFP)
OMS

Source : lequotidiendumedecin.fr