Politique de santé, méthode Touraine

MG France s’impatiente, les cliniques voient rouge

Publié le 20/06/2013
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À L’HEURE où s’élabore la future stratégie nationale de santé du gouvernement censée jeter les bases d’une médecine de parcours autour du patient (le comité des sages missionné sur ce sujet a terminé ses auditions et rendra prochainement son rapport), des signes d’agacement, voire d’exaspération, se manifestent dans le monde de la santé.

Jusque-là bienveillant depuis l’arrivée du gouvernement socialiste, MG France hausse le ton. L’assemblée générale du syndicat de généralistes demande à l’exécutif de concrétiser sa promesse d’organisation des soins primaires en équipe autour du médecin généraliste traitant, en débloquant les moyens indispensables. Pour MG France, la structuration des équipes de soins ambulatoires exige, au-delà des belles paroles, « une décision politique forte de nature à réorienter les moyens financiers indispensables à la médecine générale, à son enseignement, son organisation et son expertise en santé ». Le syndicat ajoute que « sur le terrain, les acteurs de soins primaires sont dans l’attente de mesures concrètes », « lassés des annonces non suivies d’effet, qui les concernent depuis 25 ans », à l’instar de la situation très décevante de la filière universitaire de médecine générale (FUMG). « Souvenons-nous du rapport d’Élisabeth Hubert sur la médecine de proximité qui dort de sa belle mort dans un tiroir de la République depuis 2010 », met en garde MG France.

Une page dans « le Monde ».

Dans un registre plus frontal, les cliniques MCO de la FHP ont réalisé un coup en s’offrant mardi 18 juin une page entière de publicité dans « le Monde » intitulée « Cliniques privées, privées de ministre? ». On y voit un chirurgien au piquet coiffé d’un bonnet d’âne de mauvais élève... Rude, le texte stigmatise le « dogmatisme » de la ministre de la Santé Marisol Touraine qui n’a jamais visité une seule clinique depuis un an. Pourtant, ironise la FHP-MCO, « vous n’avez pas chômé : que d’hôpitaux publics visités, que de maisons de santé inaugurées, que de congrès honorés de votre présence, que de réunions sur le pacte de confiance pour l’hôpital...». Geste d’humeur ou vraie colère ? Certes, Marisol Touraine s’était décommandée à la dernière minute au congrès du syndicat et la ministre a encore boudé la récente cérémonie de remise des trophées de l’hospitalisation privée. Mais au-delà de ces rendez-vous manqués, ce sont bien les arbitrages de l’exécutif qui ont exaspéré les cliniques, avec en particulier la neutralisation des avantages du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) via une baisse supplémentaire des tarifs des établissements privés.

 C.D.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9252