La réponse à la vaccination Covid des patients greffés semble être souvent faible, ne garantissant pas la protection contre le virus, et « la même difficulté semble aussi concerner les patients dialysés », alerte sur son site Renaloo, l'association de patients « maladies rénales, greffe et dialyse ».
L'association appelle ces populations à risque à ne pas relâcher la vigilance malgré la vaccination : « les personnes dialysées ou greffées peuvent ne pas être protégées bien qu'elles aient reçu deux doses de vaccin. Elles doivent continuer à appliquer scrupuleusement les gestes barrières ». Les patients « doivent bien sûr continuer à se faire vacciner », insiste-t-elle, ce d'autant qu'un renforcement des schémas vaccinaux pourrait assurer une meilleure protection.
Intensification vaccinale (3e dose), vaccination sans délai des proches pour protéger les patients, ces solutions sont soutenues par Renaloo auprès des pouvoirs publics. « Des annonces sont attendues dans les tout prochains jours », est-il écrit.
Données récentes chez les hémodialysés
L'insuffisance rénale chronique et l'immunodépression acquise à la suite d'une transplantation font partie de la liste des comorbidités ouvrant droit à la vaccination anti-Covid pour les patients âgés de 50 à 69 ans inclus. Pour autant, la vaccination ne semble pas garantir la protection des patients greffés contre le virus. « Plusieurs cas de formes graves de Covid, allant parfois jusqu'au décès, ont été signalés en France ces derniers jours chez des patients greffés du rein ayant reçu deux doses de vaccin », rapporte l'association.
Un faisceau d'arguments semble suggérer que les hémodialysés sont aussi concernés par ce manque d'efficacité. Une étude de l'Imperial College de Londres en cours de publication montre qu'environ 50 % des patients hémodialysés n'ont ni anticorps neutralisant ni réponse cellulaire un mois après la 1re injection du vaccin AstraZeneca, est-il signalé. Un autre travail, en prépublication, montre une réponse par anticorps neutralisants fortement diminuée chez les patients hémodialysés par rapport à des sujets sains 21 jours après la 2e injection du vaccin à ARNm de Pfizer.
Enfin, la mise à jour le 7 avril d'un article publié dans le « Clinical Journal of the American Society of Nephrology » montre que la quasi-totalité des patients dialysés (96 %) produisent des anticorps après la 2e injection de vaccin ARNm, mais à des taux beaucoup plus faibles que la population générale.
Comment améliorer la protection
Pour le Pr Odile Launay, infectiologue qui dirige la plateforme d'essais cliniques Covireivac de l'Inserm, il persiste beaucoup d'inconnues quant à la protection conférée par la vaccination des personnes immunodéprimées. Chez les patients greffés qui n'ont pas d'anticorps neutralisants, « il est possible qu'une réponse cellulaire permette une protection, en particulier contre les formes graves de la maladie », répond la membre du comité scientifique du vaccin Covid-19 interrogée par Renaloo. Mais sans que l'on connaisse le titre d'anticorps ou la réponse cellulaire permettant la protection.
Ainsi même chez les patients ayant des titres élevés en anticorps neutralisants, « il s'agit d'une protection partielle, qui ne doit en aucun cas empêcher les gestes barrières en particulier en raison de la circulation de virus variants qui peuvent échapper à ces anticorps », insiste la coordinatrice du centre de vaccinologie Cochin-Pasteur.
Le défaut d'efficacité des schémas vaccinaux « classiques » est fréquent chez les patients greffés. Plusieurs pistes sont à explorer pour améliorer la protection : « faire un plus grand nombre d'injections, proposer deux doses de vaccin à chaque injection, utiliser des vaccins plus immunogènes avec des adjuvants de l'immunité. Certains ont proposé de moduler le traitement immunosuppresseur pour améliorer la réponse immunitaire mais cela n'est pas sans risque pour le greffon », indique le Pr Launay.
Concernant le rôle des adjuvants en particulier − alors que les vaccins disponibles en sont dépourvus − « ils pourraient avoir un intérêt pour vacciner les personnes greffées, on l'a vu pour la grippe H1N1 en 2009 », précise-t-elle, sachant que le vaccin de Novavax et celui de Sanofi en développement en contiennent. « Des combinaisons de différentes technologies de vaccins pourraient aussi avoir un intérêt », ajoute la vaccinologue.
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