Le bisphénol B (BPB) présente des propriétés endocriniennes similaires à celles du bisphénol A (BPA), première substance chimique à avoir été considérée, en 2017, comme un perturbateur endocrinien pour l'homme en Europe, démontrent des chercheurs de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (ANSES) dans une étude publiée dans la revue « Environnemental Health Perspectives », ce 16 octobre.
Le BPB, qui partage la même structure que le BPA à un groupe méthyle supplémentaire sur le carbone central près, est utilisé comme alternative à certains usages du BPA et du bisphénol S dans certains pays comme les États-Unis où il est enregistré par la Food and Drug Administration (FDA) comme additif indirect pour certains revêtements (résine, polymère) en contact avec les aliments. Comme il n'est pas enregistré dans le cadre du règlement européen REACH, il ne devrait pas se retrouver sur le marché européen. Néanmoins, du BPB a été détecté dans plusieurs produits alimentaires, comme des aliments en conserve ou des produits laitiers ; mais aussi dans des échantillons biologiques de populations européennes (études en Italie, au Portugal).
Dans le cadre de la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens 1, les experts de l'ANSES ont voulu savoir si le BPB répondait à la définition des perturbateurs endocriniens donnée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) : « une substance qui altère les fonctions du système endocrinien et par conséquent, provoque des effets secondaires néfastes sur un organisme intact ou sa descendance ». Soit trois critères à remplir : l'existence d'un effet toxique, d'une activité endocrinienne, et d'un lien mécanique plausible entre les deux. Ils se sont fondés sur une revue systématique des effets secondaires du BPB étudiés à partir de modèles in vitro, ex vivo, et animaux (poissons et rats), mais aussi de données épidémiologiques sur des êtres humains et d'études de cas.
Activité œstrogénique et inhibition de la testostérone
Le BPB a bien la capacité d'interférer avec la voie de signalisation des œstrogènes, de réduire la production de testostérone, et de modifier la spermatogenèse chez les rats et les poissons-zèbres et la reproduction des poissons, affirment les experts, à la lumière de 36 études. Ils considèrent ainsi que le BPB cochent bien les trois critères définissant un perturbateur endocrinien.
En outre, cette activité œstrogénique et l'inhibition de la production de testostérone sont semblables à celles observées avec le BPA, est-il démontré dans un second temps. Cela se retrouve significativement dans des études in vitro et in vivo, tandis que les données sur l'exposition des humains au BPB, bien que cohérentes avec celles qui existent pour le BPA, sont encore insuffisantes. Mais une telle convergence des effets du BPB et du BPA est déjà, selon l'ANSES, un argument supplémentaire pour considérer que le BPB est bien un perturbateur endocrinien.
Les chercheurs appellent en conclusion à identifier le BPB comme un perturbateur endocrinien dans le cadre du règlement européen REACH – ce qui aura pour conséquence d'empêcher l'industrie d'y recourir à la place du BPA ou du BPS, et d'obliger les importateurs d'articles avec plus de 0,1 % de BPB à déclarer sa présence. Mais une telle reconnaissance soulève un problème méthodologique : elle implique de changer les critères d'acceptation des études prises en compte par Reach, pour que ne soient pas seulement inclus les travaux obéissant au protocole standardisé de l'OCDE.
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