« Une carte bancaire, c'est 5 g, soit l'équivalent du volume de microplastiques que l'on ingère chaque semaine au travers de l'alimentation, a affirmé Michel Vialay, président de la mission d’information sur les perturbateurs endocriniens présents dans les contenants en plastique alimentaires, cosmétiques et pharmaceutiques, lors de la présentation du rapport à l'Assemblée nationale. Notre monde se plastifie chaque jour un peu plus. »
Ce mercredi 4 décembre, le rapport a en effet été examiné conjointement par les commissions des affaires sociales et du développement durable. « L'ensemble des parlementaires ont salué la cinquantaine de recommandations que nous proposons, c'est suffisamment rare pour être souligné », a précisé Michel Vialay. Parmi les mesures proposées, la mise en place d'un Toxi-Score sur le modèle du Nutri-Score pour mieux informer les populations.
Grossesse et petite enfance
« Selon les agences sanitaires, toute la population est aujourd'hui exposée aux perturbateurs endocriniens, principalement via les contenants en plastique, a indiqué Claire Pitollat, députée La République en Marche et co-rapporteure du rapport. Ce phénomène est particulièrement préoccupant chez les femmes enceintes et au cours des 1 000 premiers jours de l'enfant. »
Après l'audition de plus de 70 personnes (chercheurs, médecins, industriels, représentants d'instances européennes…), deux constats ressortent : les perturbateurs endocriniens migrent du contenant vers le contenu, et ils sont corrélés à des pathologies graves. Cancer, diabète, malformations génitales, troubles de la fertilité, troubles neurodéveloppementaux, les effets suspectés des perturbateurs endocriniens sur la santé sont nombreux et présentent des niveaux de preuve divers.
« Forts de ces constats préoccupants et malgré le peu de recul que nous avons, nous pouvons parler d'enjeux majeurs de santé publique, auxquels se sont greffés des enjeux environnementaux », estime Laurianne Rossi, députée La République en Marche et co-rapporteure du rapport.
Formation des professionnels de santé
Après avoir dressé un état des lieux, la mission s'est attelée à explorer les diverses solutions. « Nos recommandations portent dans les grandes lignes sur le renforcement des réglementations européennes, sur la recherche, qu'il est nécessaire d'accentuer, et sur les actions de communication et de sensibilisation », résume Michel Vialay.
« Pour mieux informer les consommateurs dans leur décision d'achats, nous souhaitons élaborer un Toxi-Score sous la forme d'un pictogramme mentionnant la présence suspectée, présumée ou avérée de perturbateurs endocriniens », présente Laurianne Rossi. La mission propose aussi de passer par des campagnes d'informations grand public pour alerter notamment sur les risques liés au réchauffage des aliments dans des contenants en plastique.
Du côté des professionnels de santé, le rapport prévoit d'assurer la formation initiale et continue des professions médicales notamment et promeut la diffusion du site « Agir pour bébé » auprès des patients.
Vers la fin des plastiques à usage unique
La mission rappelle la nécessité de se passer de certains plastiques comme les suremballages ou ceux à usage unique – dont la sortie progressive est prévue d'ici à 2040 –, et encourage le recours à des substituts sûrs. En ce sens, elle préconise à la fois de n'autoriser que les molécules qui ont fait l'objet de contrôles approfondis et d'interdire toutes les molécules dont la structure est proche d'une molécule reconnue dangereuse. Les contenants alimentaires et cosmétiques en plastique destinés aux nourrissons et enfants en bas âge devraient par ailleurs être bannis.
« Face à ce changement de paradigme en termes de consommation et de modèle économique, nous devons accompagner les industriels qui doivent être amenés à repenser le conditionnement et l'emballage », affirme Laurianne Rossi.
Cancer colorectal chez les plus de 70 ans : quels bénéfices à une prise en charge gériatrique en périopératoire ?
Un traitement court de 6 ou 9 mois efficace contre la tuberculose multirésistante
Regret post-vasectomie : la vasovasostomie, une alternative à l’AMP
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce